Avignon: questions à Mme la Maire

Après s’être manifestés à l’occasion des successifs Conseils Communautaires du Grand Avignon (notamment en juillet et septembre 2014, puis plus expressément les 17 novembre et 15 décembre 2014, enfin récemment le 16 février. 2015), les citoyens du Grand Avignon et plus particulièrement les citoyens d’Avignon, ont exprimé le 31 janvier 2015 leur volonté d’un passage en régie publique de la gestion de l’Eau à Avignon. Une attente attestée par les 7200 signataires (à ce jour) de la pétition traduisant cette exigence.

 

En se rendant le 31 janvier à la mairie, les usagers ont demandé le soutien de Mme la maire d’Avignon, première Vice Présidente du Grand Avignon.

 

En son absence, la réponse orale de deux de ses adjoints, a été : « oui, oui, il y a besoin de mobilisation des élus et des citoyens« . Mais au final et malgré la promesse faite, publiquement, d’une rencontre avec Mme la Maire, il ne s’est rien passé.

 

Mme la Maire paraît seule avoir accès, à ce jour, aux éléments du dossier.

C’est la raison de notre présence, le 13 avril, à la mairie d’Avignon.

Lire les questions du Collectif de l’eau du Grand Avignon

 

Avignon: Veolia chasse ses fuites

« À la rencontre des chasseurs de fuites », voilà le thème de l’invitation lancée par Véolia aux médias locaux. En ce jeudi matin d’avril, Gilles Rousseaux, le Monsieur communication « Rhône-Méditerranée », est tout exprès à Avignon pour recevoir ses hôtes et orchestrer la visite. Bardé de chiffres et d’assurance, l’homme nous fait rencontrer Waguih, le « chercheur de fuite » pour nous démontrer par l’exemple l’implacable lutte lancée pour réduire les pertes sur les 380 km du réseau de canalisations (lire ci-dessous). « Toute consommation anormalement élevée déclenche la parade adéquate », assène le communiqué de presse.

Une position menacée

Mais la véritable parade à laquelle se livre Veolia est surtout médiatique, alors que sa position sur Avignon est de plus en plus menacée. Le contrat de délégation de service public qui lie la société à l’agglo court jusqu’en 2020 mais Cécile Helle, le maire PS d’Avignon, souhaite se passer de ses bons offices dès 2017 pour revenir à une gestion de l’eau en régie publique. Certes Veolia conserve la préférence de Jean-Marc Roubaud, le président UMP du Grand Avignon, mais son ancrage et surtout son image s’effritent sous les assauts de l’irréductible Collectif de l’eau et de sa présidente, Marcelle Landau, qui lui mène une véritable guerre de trente ans.

Silhouette mince mais volonté XXL, cette passionaria martèle sans relâche depuis les années 90 ses arguments contre l’exploitation de ce bien commun qu’est l’eau par des sociétés privées qui en tirent profit. La grève de l’abonnement et ses 1 200 participants en 2003, c’était elle ; les actions contre les coupures, encore elle ; le combat pour le remboursement des hausses de tarif en 2011, toujours elle.

Depuis deux ans, le Collectif de l’eau qui fédère 13 associations de tout le Grand Avignon, redouble d’efforts, espérant profiter de l’arrivée à échéance des contrats avec les sociétés privées pour imposer le principe d’une régie. Une pétition lancée il y a quelques mois et relayée par les militants dans toutes les communes a déjà recueilli 7 000 signatures. Marcelle Landau entonne son ode à la régie à l’entrée des séances du conseil communautaire, noie les médias locaux sous les communiqués et tambourine à toutes les portes. Lorsqu’elles restent closes, les militants organisent un rassemblement comme lundi dernier devant la mairie d’Avignon où ils sont allés demander à être reçus par Cécile Helle qui, disent-ils, ignore leurs demandes depuis des mois.

« C’est très dur à vivre pour nos agents »

Gilles Rousseaux, l’homme de Véolia, lui-même n’en revient pas d’une telle pugnacité. « Je travaille pour la communication de Véolia sur toute la zone qui englobe l’Italie et le Sud de la France jusqu’à Barcelonette, Avignon c’est le seul endroit où on est traité comme ça. Et ça fait trente ans que ça dure », lâche-t-il entre lassitude et exaspération. Et d’ajouter, plein de componction : « Cette campagne contre nous est très dure à vivre pour nos agents. Nous voulons sortir des polémiques pour parler de l’eau de façon positive, en montrant le travail des équipes sur le terrain. »

Voilà pourquoi il tenait à nous faire rencontrer Waguih, le chasseur de fuites et ses collègues. Et voilà pourquoi aujourd’hui, confronté à une offensive tous azimuts, il a décidé de rendre coup pour com’. Fin de la visite « spéciale fuites ». « Je vous recontacterai, promet Gilles Rousseaux aux journalistes, je vais avoir d’autres sujets à vous proposer ».

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Le réseau laisse s’échapper 32,2% de l’eau injectée: la chasse aux fuites est lancée

Selon les chiffres communiqués par Veolia, à Avignon seulement 67,8 % de l’eau injectée dans le réseau arrive dans les robinets des usagers. C’est donc presque un tiers de l’eau qui est perdu sur un total de 7,5 millions de mètres cubes distribués chaque année. L’objectif qui s’impose à Veolia par la législation découlant du Grenelle de l’environnement est de ramener le rendement du réseau à 76 % à l’horizon 2020. Mais la société souhaite y parvenir bien avant, dans un ou deux ans en concentrant ses efforts sur cet enjeu.

Article publié par Midi Libre le 15/04/15

Notre commentaire: un tel taux de fuite est un pur scandale. Veolia est directement responsable du non entretien du réseau pendant des années. Une opération de communication lorsque le contrat touche à sa fin, ne devrait pas faire illusion sur le non respect par la firme des engagements de service public. Les élus en tireront-ils les conclusions qui s’imposent?

 

 

Montpellier: l’eau sera moins chère et…publique en 2016

Un an après le lancement du processus de retour en régie, le processus prend un nouveau tournant avec un nouveau statut, celui d’une une régie publique à autonomie financière et à personnalité morale.
Comme promis durant la dernière campagne des municipales, le retour en régie publique de l’eau sera effectif au 1er janvier 2016. Et un an jour pour jour après avoir lancé le processus, ce retour dans le giron public a désormais un cadre statutaire : « Nous avons choisi une régie publique à autonomie financière et à personnalité morale », a noté Philippe Saurel, le président de la Métropole. Exit Veolia d’ici la fin de l’année et clap de fin de la délégation de service public initiée sous Georges Frêche en 1989. Du moins pour les treize communes concernées dans le périmètre de la Métropole (*). Et ce, même si l’industriel a récupéré deux contrats sur l’assainissement pour un montant de 95 M€ ! Une façon de se consoler…

Mais l’essentiel, présenté par les élus, est que la régie décidée est celle utilisée à Grenoble et à Paris et promet la plus grande latitude à la force publique mais aussi au comité citoyen, qui pourra avoir un œil sur l’ensemble du processus de distribution de l’eau.

13 communes et 80 % de la consommation globale

La future régie dessert 13 communes soit 80 % de la consommation globale, pour 337 000 habitants soit 67 000 abonnés. Elle gérera 12 sites de captage, 2 usines de traitement, 31 réservoirs et plus de 1 000 km de canalisations. Chaque année, 35 millions de m3 d’eau seront distribués par le service public.

René Revol, vice-président délégué à la ressource l’a martelé : « On aura la régie qui laisse le plus de place au citoyen, avec la possibilité d’intégrer des tarifs sociaux. » Le mois prochain le premier conseil d’administration sera réuni : vingt personnes, quatorze élus et six non-élues (les associations d’usagers et une personnalité qualifiée) mais avec un pouvoir de vote.

Avec les agents de Veolia

Tout cela ne peut évacuer la question cruciale du prix : « Nous y reviendrons ultérieurement avec précision », disent de concert Philippe Saurel et René Revol, non sans assurer que, pour le consommateur, il y aura une baisse sur la facture globale.

Pour le reste, la régie sera composée de « 80 à 85 agents ». Essentiellement transférés de Veolia, comme la loi l’exige, par des contrats de droit privé, aux mêmes conditions que les agents de Veolia connaissent déjà. Il faudra par ailleurs recruter du personnel. Enfin la future régie sera implantée dans le quartier Hôpitaux-Facultés dans un bâtiment que la Métropole viendrait d’acheter.

(*) Il s’agit de Grabels, Jacou, Juvignac, Lattes, Le Crès, Montferrier-sur-Lez, Montpellier, Pérols, Prades-le-Lez, Saint-Brès, Sussargues, Vendargues et Villeneuve-lès-Maguelone.

Votez pour le nom sur Facebook

Les élus proposent de laisser aux citoyens la possibilité de donner le futur nom de la régie entre six retenus : Régie des eaux de Montpellier, Eaux de Montpellier, Aigua d’Oc, Mon’Eau, Aqua d’Oc, Eau publique de Montpellier ? Votez sur la page Facebook de Montpellier Méditerranée Métropole. Réponse le 28 avril.

Publié dans le Midi Libre du 15 avril.

Quelques informations complémentaires d’Eau secours 34
 
— Concernant la composition du CA de la régie
Eau Secours 34 aura un représentant ayant voix délibérative dans le CA. Eau Secours 34 demandait également :
1 – la création d’un observatoire de l’eau avec un représentant ayant voix délibérative dans le CA
2 – un représentant du personnel de la régie ayant voix délibérative dans le CA
Nous n’avons pas obtenu gain de cause sur ces 2 points. Si un observatoire de l’eau est créé, celui-ci sera purement consultatif, tout au moins dans un premier temps.
René Revol nous avait assuré que les non élus auraient la plus large place possible dans le CA. Nous sommes loin du compte puisque les élus représenteront 70% du CA.
— Concernant la baisse de la facture d’eau
La baisse de la facture d’eau n’aura pas lieu la 1ère année (2016) de fonctionnement de la régie. La 1ère année est toujours difficile d’un point de vue financier et la régie ne souhaite pas s’endetter. Par conséquent, la baisse de la facture aura lieu la 2ème année au plus tôt. D’ici là, une réflexion aura lieu sur la tarification sociale et progressive avec une analyse des expériences menées ailleurs.

Que devient NOTRe démocratie?

Par Eau Secours Orléanais 45 qui organise un forum citoyen le 11 avril à ce sujet.
L’Assemblée Nationale a voté mercredi11 mars le projet de loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République)  qui renforce notamment le pouvoir des intercommunalités à fiscalité propre en leur attribuant, quelles que soient leurs catégories, les compétences de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des déchets ménagers.
Très concrètement cela signifie que l’AgglO, qu’elle se transforme en Communauté Urbaine ou non, est en passe de gérer l’eau à la place des Communes.
Regrouper les services de l’eau en un seul… pour rationaliser… pour faire des économies…, pourrait sembler une bonne idée si on n’avait l’exemple de l’assainissement avec:
– des factures hors de prix
– un réseau de collecte défectueux à l’origine de pollutions récurrentes en Loire
– des citoyens totalement absents des lieux de décision
– une impossibilité d’avoir accès à la totalité des comptes
– une prédominance des intérêts du privé
– etc. etc.
Le projet de loi NOTRe, s’il est adopté, modifiera profondément notre quotidien en amoindrissant le rôle des communes et en concentrant des pouvoirs importants en quelques mains sans que rien ne soit prévu pour que les citoyens exercent le moindre rôle.
Cet éloignement des citoyens des lieux de pouvoir est une atteinte à la démocratie… L’absence de consultation publique sur l’ensemble de cette réforme en est une autre…

Le cycle de l’eau mis à mal par le changement climatique

Par Emmanuel Poilane, Directeur de France Libertes Fondation Danielle Mitterrand, dans le Huffington Post.

À la fin du mois de mars 2015, un record inquiétant a été atteint en Antarctique: on a enregistré une température de 17,5°C, digne de Nice ou Ajaccio à cette période de l’année. Le Pôle Sud est pourtant presque entièrement recouvert de glace et reste l’une des régions les plus froides de la planète. Alors, comment expliquer une température aussi douce? Il est ici possible d’affirmer que l’Antarctique est l’un des endroits du monde le plus touché par le changement climatique.

Malheureusement, il n’est pas le seul. Dans le même temps, une sécheresse historique s’abat sur la Californie. Elle est due principalement au choix humain de transférer l’eau vers les villes, au détriment des surfaces autrefois cultivables. Abandonnés par les agriculteurs qui ont vendu leurs droits d’eau, ces champs à perte de vue sont devenus désertiques au fil des années. Dans le même temps, le Brésil et notamment la population de Sao Paulo se mobilise contre les pénuries d’eau qui, elles, sont directement liées à la déforestation de l’Amazonie et à son impact lui aussi direct sur le grand cycle de l’eau.

Le changement climatique prend ainsi un aspect très concret aux quatre coins de la planète. Bien loin des analyses scientifiques théoriques du Giec, c’est la réalité d’aujourd’hui qui nous crie l’urgence d’agir pour lutter contre le changement climatique avant qu’il ne soit, simplement, trop tard.

Pour la Fondation France Libertés, le lien entre le grand cycle de l’eau et le changement climatique a été au cœur de nos réflexions au Forum Social Mondial de Tunis qui s’est déroulé du 24 au 28 mars 2015. Bien que l’attentat de Tunis demeure encore présent dans les esprits des participants du FSM, c’est bien la question du changement climatique qui a été au centre d’une grande partie de nos rencontres.

Si la question du CO2 est l’angle choisi par nos gouvernements pour traiter de la lutte contre le changement climatique, le grand cycle de l’eau est pour nous la porte d’entrée pertinente pour capter les signaux inquiétants du dérèglement climatique mais aussi pour imaginer les solutions. Depuis la conférence sur le climat de Copenhague en 2009, ce n’est un secret pour personne que les conséquences du changement climatique se manifestent sur le grand cycle de l’eau: tornade, sécheresse, inondation, montée des eaux, tempêtes. Malheureusement, nos politiques ne s’emparent pas de ces catastrophes pour penser les solutions qui devraient permettre de protéger et restaurer rapidement le grand cycle de l’eau.

La réalité du changement climatique doit faire prendre conscience à l’humanité que le temps est à la transformation. Nous devons absolument anticiper et innover pour construire les sociétés du futur qui nous permettront tout simplement de survivre sur la terre. Même si les politiques ne parlent que de croissance et d’économie, il est essentiel qu’une conscience citoyenne collective émerge pour leur faire comprendre qu’une autre urgence est là et que c’est par elle que nous devons reconsidérer l’ensemble de notre système.

Les solutions sont accessibles. Imaginer les règles de vie de l’Humanité pour sauver notre planète, c’est: penser une nouvelle économie sobre et respectueuse notamment du grand cycle de l’eau, penser une agriculture localisée qui arrête de faire parcourir des milliers de kilomètres à son blé ou son soja, penser une production énergétique durable et renouvelable, penser la ville de demain comme un espace naturel vivant, permettant de garder une température équilibrée sans stopper les flux de l’évapotranspiration nécessaires au grand cycle de l’eau.

Ces exemples parmi d’autres peuvent être vus comme le point de départ d’un nouveau monde. Ce nouveau monde existe déjà dans des milliers d’initiatives locales qui demandent à être multipliées, à devenir le système de vie de l’Humanité. Je suis conscient qu’avec ce nouveau départ, nous entrerions très probablement dans une période de grande incertitude et de grand chamboulement de nos habitudes, de nos modes de vies. Mais si l’humanité a bien une force, c’est sa capacité d’adaptation.

Alors plutôt que d’attendre la catastrophe programmée par une société capitaliste néolibérale qui a perdu tous ses repères au profit de l’argent roi, peut-être avons-nous la possibilité, en tant que simple citoyen, de faire entendre notre voix, pour qu’enfin nous ayons l’ambition collective de construire un projet de société qui ne repose pas uniquement sur la réduction de notre dette.

Sommes-nous prêts à porter une vision d’avenir qui nous permette de mettre nos énergies humaines et nos savoirs scientifiques et techniques au service d’un projet de vie pour l’humanité équilibré et respectueux de la planète et de son grand cycle de l’eau, qui n’est ni plus, ni moins, que les poumons et le cœur de la terre, l’énergie et le flux qui permettent la vie sous toutes ses formes?

Parce que nous pensons qu’un nouveau paradigme de société par l’eau est l’une des solutions positives pour lutter contre le changement climatique, la Fondation France Libertés vous présentera dans les mois qui viennent plusieurs projets vous permettant de vous y engager avec nous: affaire à suivre!