Thierry Tassez a ouvert la brèche. Lundi soir, la réunion du SIVOM voguait tranquillement vers sa fin lorsque le maire de Verquin sortit des courriers. Des lettres avec en-tête du SIVOM expliquant à trois foyers verquinois qu’ils cumulaient de dettes en factures d’eau. Jusque-là, Thierry Tassez n’y voyait rien à redire. Mais la fin du courrier lui a beaucoup moins plus. Il cite « qu’en cas de non-paiement, des mesures coercitives seront prises ». « Je suis fondamentalement contre les mesures coercitives ! », déclarait Thierry Tassez, demandant des explications au président du groupe « eau ». « Oui, j’ai envoyé ces lettres », confirmait Philippe Scaillierez. Expliquant des relances précédentes, sans succès. « L’accès à l’eau est un droit universel », rappelait Thierry Tassez. En fait le SIVOM ne coupera pas l’eau mais veut réduire le débit aux foyers mauvais payeurs. Avec le risque d’endommager des appareils ménagers (lave-linge), voire pire, les chaudières. Philippe Scaillierez le reconnaissait mais justifiait cette mesure par le souhait de « faire réagir les usagers » et la volonté de « responsabiliser les abonnés ». Le président Olivier Gacquerre volait au secours de son vice-président : « Nous versons 33 000 € par an au fonds de solidarité énergie », déclarait-il, histoire de rappeler que personne n’a le monopole de la solidarité. Et si les abonnées connaissent des difficultés, ils doivent se tourner vers le CCAS de leur commune.
« Ce n’est pas juste »
« En endommageant les appareils électriques dans des foyers précaires, vous ajoutez de la misère à la misère… ce n’est pas juste ! », insistait Thierry Tassez. Sans oublier que l’usager n’est pas toujours propriétaire du logement qu’il occupe. Le maire de Verquin persistait, assurant préfèrer la négociation à la contrainte. « Il n’y a pas que des particuliers qui ne paient pas, il y aussi des entreprises, des professionnels », se défendait Olivier Gacquerre, redoutant que le SIVOM ne passe que pour un collecteur insensible et déshumanisé. Alors le SIVOM doit-il réduire ou pas le débit des mauvais payeurs ? Le président se réjouissait en tout cas que le débat s’ouvre et voyait là l’occasion de reparler du « tarif éco-solidaire », qui lui est si cher. Un dispositif dont on ne connaît aujourd’hui que les grandes lignes, à savoir sensibiliser les usagers à une consommation raisonnée de l’eau ; avec des tarifs qui prendraient en compte les revenus des ménages en établissant des tranches de prix.
EN CHIFFRES
2 973, 50 € C’est la somme perdue chaque année par le SIVOM du Béthunois à travers les factures d’eau impayées. Ce chiffre fut évoqué lors du vote du budget, en décembre 2014. En fait, depuis 2005, le nombre de factures d’eau impayées s’élève à 436 (39 factures en 2014 contre 78 en 2013), et représente un montant total de 26 761,49 €. Soit une moyenne sur les 9 dernières années de 2 973,50 €. Pour l’exercice 2015, les élus du SIVOM ont voté un budget eau à hauteur de 7 882 910 €.
ANNEZIN ET LABEUVRIÈRE ARRIVENT
Il n’y a pas si longtemps, son avenir était remis en cause par la volonté de réduire le mille-feuille administratif. Mais le SIVOM attire toujours. Deux nouvelles communes vont y adhérer : Labeuvrière (au 1er juillet) et Annezin (au 1er janvier 2016). Deux adhésions à la compétence « eau» qui, pour le président Gacquerre, confortent « les valeurs de la mutualisation des moyens » et clarifie la place du SIVOM, « un échelon incontournable entre la commune et la communauté d’agglomération. » Après avoir voté l’extension du périmètre du SIVOM, les conseillers devront bientôt se pencher sur les nouveaux statuts, qui s’articulent autour de deux grands pôles, le social (EPHAD, maintien à domicile…) et la vie quotidienne (eau, petite enfance, etc.).
PAR DAVID CIERNIAK
Publié dans La Voix du Nord du 18/04/15