Avignon: Veolia chasse ses fuites

« À la rencontre des chasseurs de fuites », voilà le thème de l’invitation lancée par Véolia aux médias locaux. En ce jeudi matin d’avril, Gilles Rousseaux, le Monsieur communication « Rhône-Méditerranée », est tout exprès à Avignon pour recevoir ses hôtes et orchestrer la visite. Bardé de chiffres et d’assurance, l’homme nous fait rencontrer Waguih, le « chercheur de fuite » pour nous démontrer par l’exemple l’implacable lutte lancée pour réduire les pertes sur les 380 km du réseau de canalisations (lire ci-dessous). « Toute consommation anormalement élevée déclenche la parade adéquate », assène le communiqué de presse.

Une position menacée

Mais la véritable parade à laquelle se livre Veolia est surtout médiatique, alors que sa position sur Avignon est de plus en plus menacée. Le contrat de délégation de service public qui lie la société à l’agglo court jusqu’en 2020 mais Cécile Helle, le maire PS d’Avignon, souhaite se passer de ses bons offices dès 2017 pour revenir à une gestion de l’eau en régie publique. Certes Veolia conserve la préférence de Jean-Marc Roubaud, le président UMP du Grand Avignon, mais son ancrage et surtout son image s’effritent sous les assauts de l’irréductible Collectif de l’eau et de sa présidente, Marcelle Landau, qui lui mène une véritable guerre de trente ans.

Silhouette mince mais volonté XXL, cette passionaria martèle sans relâche depuis les années 90 ses arguments contre l’exploitation de ce bien commun qu’est l’eau par des sociétés privées qui en tirent profit. La grève de l’abonnement et ses 1 200 participants en 2003, c’était elle ; les actions contre les coupures, encore elle ; le combat pour le remboursement des hausses de tarif en 2011, toujours elle.

Depuis deux ans, le Collectif de l’eau qui fédère 13 associations de tout le Grand Avignon, redouble d’efforts, espérant profiter de l’arrivée à échéance des contrats avec les sociétés privées pour imposer le principe d’une régie. Une pétition lancée il y a quelques mois et relayée par les militants dans toutes les communes a déjà recueilli 7 000 signatures. Marcelle Landau entonne son ode à la régie à l’entrée des séances du conseil communautaire, noie les médias locaux sous les communiqués et tambourine à toutes les portes. Lorsqu’elles restent closes, les militants organisent un rassemblement comme lundi dernier devant la mairie d’Avignon où ils sont allés demander à être reçus par Cécile Helle qui, disent-ils, ignore leurs demandes depuis des mois.

« C’est très dur à vivre pour nos agents »

Gilles Rousseaux, l’homme de Véolia, lui-même n’en revient pas d’une telle pugnacité. « Je travaille pour la communication de Véolia sur toute la zone qui englobe l’Italie et le Sud de la France jusqu’à Barcelonette, Avignon c’est le seul endroit où on est traité comme ça. Et ça fait trente ans que ça dure », lâche-t-il entre lassitude et exaspération. Et d’ajouter, plein de componction : « Cette campagne contre nous est très dure à vivre pour nos agents. Nous voulons sortir des polémiques pour parler de l’eau de façon positive, en montrant le travail des équipes sur le terrain. »

Voilà pourquoi il tenait à nous faire rencontrer Waguih, le chasseur de fuites et ses collègues. Et voilà pourquoi aujourd’hui, confronté à une offensive tous azimuts, il a décidé de rendre coup pour com’. Fin de la visite « spéciale fuites ». « Je vous recontacterai, promet Gilles Rousseaux aux journalistes, je vais avoir d’autres sujets à vous proposer ».

_________________________________________________________________________________________________________________________________

Le réseau laisse s’échapper 32,2% de l’eau injectée: la chasse aux fuites est lancée

Selon les chiffres communiqués par Veolia, à Avignon seulement 67,8 % de l’eau injectée dans le réseau arrive dans les robinets des usagers. C’est donc presque un tiers de l’eau qui est perdu sur un total de 7,5 millions de mètres cubes distribués chaque année. L’objectif qui s’impose à Veolia par la législation découlant du Grenelle de l’environnement est de ramener le rendement du réseau à 76 % à l’horizon 2020. Mais la société souhaite y parvenir bien avant, dans un ou deux ans en concentrant ses efforts sur cet enjeu.

Article publié par Midi Libre le 15/04/15

Notre commentaire: un tel taux de fuite est un pur scandale. Veolia est directement responsable du non entretien du réseau pendant des années. Une opération de communication lorsque le contrat touche à sa fin, ne devrait pas faire illusion sur le non respect par la firme des engagements de service public. Les élus en tireront-ils les conclusions qui s’imposent?

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *