Alors que les porteurs des bassines de Vendée se félicitent des résultats permis par ces dispositifs d’irrigation, trois associations montent au créneau pour nuancer cet optimisme. Article de la Nouvelle République.
Notre article « Vendée : le département précurseur dans l’utilisation des réserves d’eau » publié le samedi 22 janvier 2022 a fait réagir trois associations de défense de la nature et de l’environnement, opposées aux bassines : l’Apieee, SOS Rivières Environnement et Terre et Rivières.
Dans cet article, la chambre d’agriculture des Pays de Loire et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne affirmaient que les 25 bassines construites entre 2007 et 2011 (11 millions de m3 d’eau stockée) sur le bassin des Autizes et les contrats territoriaux de gestion quantitative pour les bassins des rivières Vendée et le Lay ont permis la remontée non seulement de la nappe phréatique mais aussi du niveau du Marais poitevin, ce sans impact négatif ni pollution sur la qualité des milieux aquatiques.
Cet enthousiasme est nuancé par l’Apieee, SOS Rivières Environnement et Terre et Rivières qui, dans un communiqué de presse commun adressé à la rédaction de la NR, notent qu' »en Vendée, la qualité des rivières est très mauvaise » (elles en veulent pour preuve le fait qu' »un seul kilomètre de rivière y [soit] jugé en bon état écologique »), indiquent qu’on envisage d’y recycler les eaux usées pour fournir de l’eau potable et constatent que les bassines sont entourées d’immenses parcelles vides de haies.
Derrière la synthèse positive…
Pour enfoncer le clou, les trois associations brandissent une évaluation menée par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, document publié en juin 2021 dans lequel elles ont trouvé, derrière une synthèse plutôt positive, quelques raisons de douter des vertus de ces bassines.
Ainsi, elles retiennent que le changement d’assolement n’a pas été suffisant (seulement 2% de baisse de la surface en maïs sur l’Autize), que le remplacement du maïs par du sorgho ne représente que 50 hectares, que le nombre de conversions en agriculture biologique n’a pas permis d’atteindre les objectifs ou que les niveaux d’eau observés depuis la construction des bassines ne respectent pas les ambitions du SDAGE (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux).
Elles font notamment remarquer que « les objectifs de niveau d’eau de fin d’étiage ne sont respectés sur aucun piézomètre » et que « les niveaux dans les rivières ne sont pas respectés non plus ».
Conclusion sans appel : « résultat pas acceptable »
Les trois associations regrettent encore qu' »une grande partie des anciens forages devant être rebouchés ne [l’ait] pas été », qu’une dérogation a permis le remplissage des bassines en 2017 malgré une trop faible pluviométrie, qu’il n’existe aucune station de mesure qui permettrait d’analyser l’impact des contrats sur les régimes hydrologiques des cours d’eau.
L’Apieee, SOS Rivières Environnement et Terre et Rivières concluent que, au regard des millions d’euros d’argent public dépensés (le programme de 25 réserves a coûté quelque 60 M€ financés à environ 60% par de l’argent public), « le résultat n’est pas acceptable ».