Archives de catégorie : Les usagers font avancer la gestion publique

Lille: la perte d’une source de profit pour Suez

En faisant appel du rejet de son recours au TA, Suez entame un nouveau bras de fer avec Lille Métropole Communauté Urbaine. Pour nous, Suez vise:

-soit à être remis en course face à Véolia, et ne pas lui céder son marché le plus juteux,
-soit à toucher de fortes indemnités, après un long parcours procédurier face à LMCU, afin de récupérer une partie des sommes versées pour rembourser partiellement la dette due à LMCU.

De toute façon, ce seront les usagers et les citoyens qui trinqueront.
Cet acharnement ne peut s’expliquer que par la rente extrêmement rentable que constitue le marché lillois de la distribution de l’eau pour les multinationales et leurs actionnaires. En effet, ce sont des millions d’euros que Suez et Véolia ont soustrait des factures des usagers pendant 26 ans, de 1985 à 2011 et au-delà:
-une dette d’au moins 115 millions, dont on n’a pas fini de parler du remboursement partiel,
-un taux de fuite de 20% (soit 32 litres / jour / habitant),
-plus de 40% des compteurs qui ont dépassé leur durée de vie contractuelle,
-des retards pris dans le renouvellement du réseau, que les usagers vont devoir financer.
Tout accord qui serait signé entre LMCU et Suez visant à réduire le reste de la dette due nous montrera que ce n’est pas le sens de l’intérêt général qui guide les acteurs du marché lillois de l’eau.
Il est grand temps de cesser ce gaspillage. Seule la création d’une véritable Régie Publique de l’eau permettra de gérer l’eau à son juste prix, à prix coûtant, au profit de tous. L’eau gérée en régie publique coûtera moins cher aux usagers, les élus de LMCU le savent.
Ce contexte exceptionnel, non recevabilité de la proposition de la SEN, Véolia seul en course déséquilibrant les négociations, crée un contexte unique pour que les élus communautaires prennent une décision historique en faveur des leurs concitoyens : le retour en régie publique de production et de distribution d’eau potable ainsi que la mise en place d’une gestion de l’eau en lien avec les citoyens.
Une possibilité historique nous est offerte. Les élus qui opteraient pour cette perspective, riche d’avenir, en sortiraient véritablement grandis. Il ne faut plus hésiter! L’eau est un bien commun de l’Humanité, c’est un bien vital, ce n’est pas une source de profit.

Le Collectif Eau pour une Régie publique et les premiers m3 gratuits
Le 07/11/2014

Membres actuels:
AC! Lille métropole, AFPS 59/62, ATTAC Lille, Attac Roubaix-Tourcoing, Attac Villeneuve d’Ascq, Les Alternatifs, le Bruand Réveillé, CGT LMCU, Collectif anti-Austérité de Roubaix, Collectif Vraiment à gauche! Lomme-Lambersart, Coordination Communiste, Eau secours, Ensemble !, Europe Ecologie / Les Verts, FSC, FSU, Gauche Alternative (FASE), Gauche Anticapitaliste, les Gens d’Hellemmes, les Indignes de Lille/Démocratie réelle maintenant, LDH, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement 59/62, Nouveau Parti Anticapitaliste, Objecteurs de Croissance Lille, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, PRCF 59, Snuipp-FSU, Solidaires 59/62, Terre des Hommes, Théâtre de l’Opprime, Unitaires !, Union Locale des Syndicats CGT de Lille et Environs, Union locale des Syndicats CGT d’Armentières et environs, et des citoyens…

« L’argent de l’eau va à l’eau  » garantit France eau publique

La ressource et la qualité de l’eau restent la préoccupation majeure des prochaines années. Organisé par France Eau Publique (FEP), le colloque (*) « Gestion publique de l’eau, gestion d’avenir ! » qui s’est déroulé, mercredi 12 et jeudi 13 novembre à la Maison de la Trinité à Poitiers, a planché, devant une centaine de participants, autour de la question du choix d’une gestion publique de l’eau, en lien avec le contexte d’actualité de la réforme territoriale.

L’enjeu de France Eau Publique, qui regroupe au sein de la Fédération nationale des collectivités en concession et en régie (FNCCR) plusieurs dizaines de collectivités et opérateurs publics (**) desservant dix millions d’habitants, consiste à augmenter le nombre de ses adhérents afin de « peser sur nos propres prérogatives au titre des syndicats d’eau et d’assainissement, a expliqué, Christophe Lime, président de FEP. Nous sommes 15 à 30 % moins cher que les concessions privées ».
Ainsi, la nouvelle structure, à travers les groupements d’achats, peut commander des compteurs d’eau à des prix plus compétitifs qu’une collectivité.
Le message de ce colloque est clair : « L’argent de l’eau va à l’eau. Il n’y a pas de conflits d’intérêts et l’efficacité de la gestion publique de l’eau est démontrée. »
Le Siveer, qui fait partie des membres de FEP, considère que « la nécessaire performance de la gestion publique doit être mise au service exclusif de l’intérêt général et non d’intérêts privés. »
Alain Claeys, président de Grand Poitiers, a rappelé que l’eau était un bien public, estimant que l’enjeu dans les prochaines années sera de trouver « la meilleure organisation qui concilie mutualisation et proximité. »

(*) Le colloque était organisé en partenariat avec le Siveer et Grand Poitiers. (**) Parmi les membres de FEP, Eau de Paris, la métropole de Nice, le Bas-Rhin, Grenoble, Montpellier, Grand Poitiers notamment.

Saint-Etienne – Eau : pourquoi la mairie a jeté l’éponge

Lors du dernier conseil, la majorité municipale a justifié son renoncement à remunicipaliser l’eau (idée exposée fin 2012) par une délibération votée en mars 2013 verrouillant la possibilité. Ecran de fumée, rétorquent ses prédécesseurs.

La ligne de partage est là. D’un côté, la version de la nouvelle majorité assurant que l’arrêt Olivet permettait de remunicipaliser l’eau stéphanoise sans frais. De l’autre, celle de l’ancienne, basée sur les conclusions de son ex service juridique : « si nous tentions d’aller devant les tribunaux, le rapport était clair : malgré Olivet, jamais un juge n’aurait accepté de mettre sous le tapis la clause de rupture à 59 M€ de 1992 », martèle l’ex adjoint PS Florent Pigeon ajoutant que la note est restée dans les bureaux de la municipalité…
Par l’arrêt Olivet (commune du Loiret) d’avril 2009, le Conseil d’État dit qu’un contrat conclu avant 1995 pour plus de 20 ans peut être rendu caduc si dénoncé avant 2015. « Sans avoir à verser d’indemnité dans notre cas », assurait pourtant il y a 2 ans dans un entretien à L’Essor, Saint-Etienne 2014, association à l’origine de l’équipe G. Perdriau élue en mars. Il s’agissait alors d’intégrer l’idée dans son programme malgré l’héritage du même camp : avoir confié en 1992 une délégation à la Stéphanoise des eaux sur 30 ans. Il fallait alors « remettre à neuf les équipements. Mais certes, la durée de concession était trop longue », reconnaissait en 2012 l’avocat Michel Béal, aujourd’hui adjoint et qui défendit en justice la Ville dans les années 90 face à une association de consommateurs contestant un prix doublé avec la délégation…
Mais, assure aujourd’hui G. Perdriau, une délibération du conseil de mars 2013 – sur laquelle son groupe, alors d’opposition avait voté contre – aurait mis fin à toute possibilité. Un avenant, qui entre autres, refixait la durée du contrat (toujours jusqu’en 2022) et du coup enlèverait la notion « d’avant 1995 ». « 20 ans que Maurice Vincent et ses amis critiquaient cette délégation, parlant “d’impôt sur l’eau“. Bizarrement, quand l’occasion fut là, ils l’écartèrent avant les élections, le débat », s’indigne G. Perdriau. « Cette position est un écran de fumée, rétorque F. Pigeon, bien sûr que si nous avions pu relancer une régie, nous l’aurions fait ! Mais le droit n’est pas rétroactif, il est soumis à interprétation et nous avons confiance dans les experts juridiques municipaux qui ne sont pas adhérents au PS ! Rappelons la baisse du prix de 24 % en 2008 (6 M€ de moins par an) et la délibération de 2013… » Celle-ci porte sur la prise en charge par le délégataire du problème de l’aluminium, un rehaussement exigé du rendement du réseau et enfin, une possibilité de sortir du contrat en 2018 contre une somme deux à trois fois moindre que les 59 M€ de 1992… Sortie qui, de toute évidence ne devrait pas être pour ce mandat.

Xavier Alix

Publié dans L’Essor 25 octobre 2014

LE GRAND TUYAU « INUTILE » ?

Grand Nouméa

Une association d’usagers conteste le rachat du contrat de l’aqueduc par les communes de l’agglomération. Selon elle, le montant bien trop élevé se répercutera sur les factures des abonnés. Des recours au tribunal administratif seront prochainement déposés.

Le rachat du Grand Tuyau par le Sign sera effectif au 1er janvier 2015.

Photo Archives LNC

Elle ne lâchera rien. Après avoir perdu une première bataille au tribunal administratif(*), l’Association de défense des usagers des services publics et privés (ADUSPP) remet le couvert. Elle entend attaquer en justice le rachat de la Société anonyme des eaux de Tontouta (Sadet), qui gère le Grand Tuyau, par le Syndicat intercommunal du Grand Nouméa (Sign). Les membres de l’association avancent deux motifs : le premier concerne la date de ce rachat prévu au 1er janvier 2015. « Il est écrit dans le traité de concession daté du 31 décembre 1998 et signé par les quatre maires de l’époque, Jean Lèques, Harold Martin, Bernard Marant et Pierre Frogier, que le contrat ne pouvait être racheté avant la vingtième année. Ça nous emmène au 1er janvier 2019, donc avec quatre ans d’avance, nous pensons que ça ne tient pas », détaille Noël Tromparent, trésorier de l’ADUSPP.

Défiscalisation. L’autre motif qui chagrine l’association concerne le montant de ce rachat. Il se monte à un peu moins de 4 milliards de francs (que le Sign emprunte à l’Agence française de développement, AFD), soit moitié moins que le coût initial de construction (8 milliards de francs). « Le montant du rachat nous paraît exorbitant », s’exclame Noël Tromparent. Selon l’association, la subvention de l’Etat via la défiscalisation est de 2,5 milliards, les provisions de renouvellement s’élevaient à 1,5 milliard en 2010, et les amortissements de caducité étaient de 1,7 milliard (2010). « Comment ont-ils trouvé le chiffre de 4 milliards ? Ça devrait être moins. » Cet argent sera reversé à la Lyonnaise des Eaux, détentrice du Grand Tuyau via la Calédonienne des Eaux et sa filiale la Sadet. Pour casser ce rachat, l’association va attaquer au tribunal administratif les délibérations votées par les quatre conseils municipaux de l’agglomération qui autorisaient les maires à racheter l’aqueduc via le Sign. Les contestataires devraient viser la délibération prise par le conseil municipal de Nouméa le 20 août. « C’est la plus importante. Le montant de la somme garantie par la ville de Nouméa est de 2,2 milliards de francs, soit plus de la moitié du rachat », détaille Noël Tromparent.

Maîtrise. Les quatre maires de l’agglomération soutiennent pourtant que ce rachat est nécessaire car il permettra « une meilleure maîtrise du prix de l’eau ». Le trésorier de l’ADUSPP, ancien magistrat aujourd’hui engagé dans le monde associatif, n’est pas de cet avis. Il se dit « certain que les mairies répercuteront le prix de cet achat sur les abonnements ». Au milieu de ces nombreux recours en justice, qui pour l’instant n’ont pas abouti, quel est l’objectif final de l’association ? Noël Tromparent répond : « Nous voulons prouver que le Grand Tuyau était inutile. Le problème est là. La Lyonnaise des Eaux était juge et partie dans les années 1990. Elle a profité de quelques mois de sécheresse en Nouvelle-Calédonie pour dire que la construction de cet aqueduc était indispensable. Nous pensons que c’est entièrement faux. »

Publié le mardi 21 octobre 2014 dans les Nouvelles calédoniennes

Marché de l’eau à Bastia: un jeu de patience au pas de course

Marché de l'eau, un jeu  de patience... au pa - 27177747.jpg

Les conseillers communautaires doivent attribuer le marché de l’eau à un délégataire ou choisir un fonctionnement en régie.Gérard BaldocLes élus de la Cab doivent examiner les conclusions de l’expertise sur l’affermage et la régie et se prononcer au plus vite. Si l’enjeu est stratégique, son coût (environ 30 ME) appelle aussi la réflexion

Depuis près d’un an, le marché de l’eau de la communauté d’agglomération est en sursis. Le contrat d’affermage dont bénéficiait l’office d’équipement hydraulique de la Corse a expiré le 31 décembre 2013. En pleine période électorale, les élus avaient décidé de repousser son attribution et une prolongation du contrat avait été signée.

Six mois plus tard, le dossier n’était guère plus avancé. Le contexte post-électoral avec les changements à la présidence de la Cab ne permettait pas non plus de décider dans les meilleures conditions.

Les conseillers communautaires avaient donc voté une nouvelle prolongation de contrat avec l’OEHC. Une année supplémentaire qui aura coûté près d’un million d’euros à la collectivité.

À ce jour, les élus n’ont toujours pas arrêté leur choix, néanmoins ils n’ont plus le temps d’attendre. Pourquoi traitent-ils avec autant de pincettes, un tel dossier ? Il faut dire qu’il est à la fois stratégique et politique.

La fourniture de l’eau potable et la gestion de l’assainissement des cinq communes du grand Bastia ont un coût qui frôle les 30 ME. Autrement dit, dans l’état où se trouvent les finances de la communauté d’agglomération, mieux vaut ne pas se tromper de stratégie.

Il faut à la fois concilier la qualité de service et un coût au mètre cube qui paraisse raisonnable pour les usagers. Lorsque la Cab a lancé l’appel d’offres pour le marché de l’eau, deux candidats ont soumissionné : l’actuel fermier l’OEHC et Kyrnolia (filiale de Veolia en Corse).

Mais dans les deux cas, les prix et les conditions proposés n’ont pas convaincu les élus de la communauté d’agglomération.

En choisissant un opérateur, la Cab paye, délègue le service et ne prend en charge alors que les très grosses réparations et le renouvellement des infrastructures. L’option paraît commode mais elle offre très peu de marge de manœuvre sur les prix fixés par l’opérateur et supportés par les usagers.

La deuxième alternative de l’agglo est la régie. Une entité autonome avec son budget, ses employés, le tout dépendant de la collectivité qui peut fixer le prix qu’elle souhaite.

« Un investissement de très longue durée »

Les conseillers communautaires doivent attribuer le marché de l’eau à un délégataire ou choisir un fonctionnement en régie.Gérard BaldocUne régie pour l’eau, de nombreuses communes et intercommunalités de France y ont eu recours ces dernières années, tentant ainsi de réduire la facture pour les habitants.

Une aubaine en quelque sorte pour les élus qui peuvent alors (et c’est politique) disposer d’une influence non négligeable, notamment en tant qu’employeur. Seul problème pour cette option : le temps.

Il joue contre les élus de la Cab. Créer une telle structure en partant de zéro n’est pas aussi simple, sur les plans juridiques, techniques et financiers. Pourtant, si aucune décision n’est prise, le marché de l’eau passera automatiquement en régie, au 1er janvier 2015. Ce qui apparaissait comme la meilleure solution aux yeux de plusieurs élus peut ainsi devenir la pire…

La Cab espère en tout cas un résultat pérenne, comme l’indique son président François Tatti :« C’est une problématique importante qui entraîne un investissement de très longue durée, il nous faut trouver le système le plus avantageux pour la Cab et pour les usagers ».

Les élus vont donc se pencher sur les conclusions des expertises comparatives réclamées quelques mois plus tôt. Elles détaillent toutes les options possibles, leurs modalités de mise en œuvre, leur coût. Avec tous ces éléments en main, il faudra enfin se prononcer entre la délégation de service public de type affermage ou la régie. Sans que ce choix ne devienne un pis-aller ou ne soit vécu comme imposé par la législation.

Corse Matin du 27 octobre 2014