Météo France présente des situations hydrologiques catastrophiques. Aujourd’hui, la tension dans certains territoires est telle qu’il ne s’agit plus de savoir si les bassines seront remplies, mais si la population pourra être alimentée en eau potable. Par La Confédération paysanne, FNE, le collectif Plus Jamais ça, Bassines non merci et les Soulèvements de la terre.
Selon la Confédération paysanne, FNE, le collectif Plus Jamais ça, Bassines non merci et les Soulèvements de la terre, les derniers bulletins de Météo France présentent des situations hydrologiques catastrophiques. Il manque 35 % de précipitations sur le territoire. La situation pourrait largement s’aggraver dans les semaines à venir. Les sols sont secs et les réserves hivernales de stockage naturel de l’eau, telles les nappes, sont largement insuffisantes pour aborder l’été. Nous sommes bien loin de l’image de « nappes débordantes en hiver » véhiculée par les promoteurs des mégabassines. Aujourd’hui, la tension dans certains territoires est telle qu’il ne s’agit plus de savoir si les bassines seront remplies, mais si la population pourra être alimentée en eau potable.
Les mégabassines ne se remplissent pas avec de l’eau de pluie « qui tombe » mais par pompage dans les nappes. En cette période où les nappes n’arrivent plus, et de plus en plus régulièrement, à se reconstituer en hiver, ces projets devraient être immédiatement abandonnés.
Après le mensonge de la pluie, nous alertons aujourd’hui sur le mensonge de la substitution. Substituer des prélèvements d’été par des prélèvements d’hiver, en les diminuant, est l’argument avancé pour défendre ces projets. Mais de substitution, il n’y a pas ou presque pas.
Lorsqu’une bassine est construite, cela ne signifie pas qu’il y a un arrêt total des prélèvements directs l’été pour l’irrigation dans les cours d’eau ou la nappe. La bassine devient un moyen supplémentaire d’irrigation sur le territoire mais pas le seul. Cependant, un certain nombre de forages doivent être fermés définitivement et le total des prélèvements doit respecter un certain niveau.
Une question autour du calcul des volumes
Or dans le cas d’un projet, nous avons découvert que pour calculer le volume final autorisé de la bassine, la préfecture a introduit les prélèvements de forages qui ne seront pas substitués. Par ce biais, le volume final autorisé de la bassine est gonflé de plus de 30 000 m3.
Pour cette même bassine, une exploitation qui n’irrigue plus mais dispose toujours d’un droit d’eau a pourtant été intégrée au projet. Elle « transmet » donc son volume d’eau dans le calcul du volume final de la bassine, permettant aux 4 autres bénéficiaires de la bassine de le récupérer et d’augmenter leur propre volume prélevable. Plutôt que de répartir les possibilités d’accès à l’eau, il s’agit d’un accaparement et d’une concentration de la ressource. Enfin, des forages qui auraient dû être fermés suite à la construction de bassines sont encore en fonctionnement. Avec ces mégabassines, il y aura donc plus d’eau prélevée dans le milieu qu’il n’y en a jamais eu. Et l’on voudrait nous faire croire le contraire.
Une sécheresse catastrophique s’annonce,
Ces manœuvres montrent que ces bassines n’ont en aucun cas vocation à répondre aux enjeux d’une gestion équilibrée des milieux aquatiques mais préservent et renforcent l’intérêt financier et agro-industriel d’une toute petite minorité. Celle-ci cherche à s’accaparer cette ressource pour maximiser son profit à court terme, quoi qu’il en coûte à la société et à la nature.
L’élan citoyen pour la préservation et le partage de l’eau, matérialisé par le succès du Printemps maraîchin en Deux-Sèvres, inquiète les promoteurs d’un « produire plus » désinhibés depuis la guerre en Ukraine. Alors qu’une sécheresse catastrophique s’annonce, notre détermination est redoublée pour obtenir la transparence sur l’accès à l’eau par l’agriculture, son partage équitable et pour soutenir une irrigation compatible avec les écosystèmes, répondant aux enjeux de production alimentaire et de transition agro-écologique.