Archives de catégorie : Les usagers font avancer la gestion publique
Rennes: la ville prend la main sur la gestion de l’eau
Vieille de plus de 120 ans, l’histoire d’amour entre la ville de Rennes et Veolia a pris fin mardi 31 mars. A minuit, la multinationale a cédé sa place à la société publique locale (SPL) Eau du Bassin Rennais pour la production et la distribution de l’eau potable dans la capitale bretonne. Une décision qui avait été actée en janvier 2013 par le conseil municipal de la ville de Rennes. «C’est un moment historique. Cela va nous permettre de mieux maîtriser la gestion de l’eau, et ce en toute transparence. Pour accompagner le développement démographique et économique de notre territoire, il était nécessaire de changer de modèle», indique Marc Hervé, président de la SPL.
Détenue à 83,7% par la collectivité Eau du Bassin Rennais, anciennement syndicat mixte de production des eaux du bassin rennais, et à 16,3% par la ville de Rennes, la SPL aura en charge la production de l’eau pour plus de 400.000 habitants répartis sur 37 communes. Elle assurera également la distribution pour les 76.127 abonnés de la ville de Rennes. «Les opérateurs Veolia et Saur continueront à assurer la distribution sur les autres communes mais la SPL a vocation à étendre son champ d’action sur le bassin rennais», souligne Yannick Nadesan, président de la collectivité Eau du Bassin Rennais.
Vers un tarif unique de l’eau dans le bassin rennais
D’ici quelques années, la SPL pourrait donc assurer de A à Z la gestion de l’eau sur l’ensemble du bassin rennais, avec l’objectif affiché d’aboutir à un tarif unique de l’eau. «On observe pour l’instant des écarts de prix de 65% sur la distribution de l’eau entre les communes», déplore Yannick Nadesan. Sur la question des prix justement, le remplacement de Veolia par la SPL n’entraînera pas de surcoût pour les ménages rennais. «Nous nous sommes engagés à maintenir les prix avec une tarification écologique et sociale qui sera mise en place à partir du 1er avril», assure Marc Hervé.
Grand perdant dans cette affaire, Veolia conservera en guise de consolation la gestion du centre de service client. 106 de ses salariés ont d’ailleurs rejoint les rangs de cette nouvelle SPL, déjà entrée en service dans des villes comme Brest, Clermont-Ferrand ou Aubagne.
Les 10 premiers m3 d’eau gratuits
Avec la mise en service de la société publique locale, les 10 premiers mètres cube d’eau seront gratuits pour les ménages rennais abonnés. Les tarifs seront ensuite progressifs avec trois tranches tarifaires en fonction de la consommation d’eau. Des «chèques eau» seront également versés pour les ménages à faible revenu et les familles nombreuses.
Article de Jérôme Gicquel dans 20 minutes.
Hautes-Alpes: ne pas taxer l’eau des fontaines
«On essaie de faire valoir ce privilège qui est de voir l’eau couler dans nos fontaines. » Daniel Alluis, président de la communauté de communes du Valgaudemar et maire de Saint-Maurice-en-Valgaudemar est, comme de nombreux Haut-Alpins, attaché aux fontaines du département.
Daniel Alluis souligne leur « rôle sanitaire »
« Elles jouent un rôle sanitaire. Le département possède beaucoup de résidences secondaires. Grâce à l’écoulement des fontaines, on évite que les eaux stagnent à l’intérieur de ces habitations la plupart du temps inoccupées », argumente Daniel Alluis.
La loi sur le captage des eaux de montagne est, selon lui, injuste. « Il faut que la loi soit homogène entre milieu rural et urbain » renchérit l’élu du Valgaudemar.
L’agence de l’eau souhaite que les fontaines publiques soient équipées de capteurs pour faire payer des redevances équitables. « On veut bien payer la redevance, répond Daniel Alluis, mais l’installation de capteurs coûte cher et ne peut pas se faire partout, à cause du gel. »
Beaucoup de hameaux bénéficient de fontaines. L’édile de Saint-Maurice-en-Valgaudemar cite son village en exemple : il en possède quinze.
« La solution est de rester sur l’existant et de ne faire payer la redevance qu’aux foyers qui consomment. Car l’eau de toutes les fontaines n’est pas forcément prélevée, et retourne, quoi qu’il arrive, à la nature », conclut Daniel Alluis.
Conseillers départementaux, choisissez l’eau publique
Le dimanche 22 mars 2015, jour du premier tour des élections départementales, fut aussi la Journée mondiale de l’eau. Les conseils départementaux, désormais élus, ont un rôle majeur à jouer pour favoriser la gestion publique de l’eau.
La Journée mondiale de l’eau nous a rappelé à tous que la distribution d’eau potable et son assainissement est un combat de tous les jours pour des millions d’êtres humains dans le monde. En France, l’enjeu ne se pose plus en terme d’accès à l’eau potable, même si l’explosion de la précarité remet au goût du jour le débat sur l’illégalité des coupures d’eau et l’accès à l’eau sur l’espace public (fontaines et douches publiques). Non, le véritable enjeu c’est d’avoir une eau de qualité, à prix coûtant et gérée de manière transparente.
Notre pays voit un mouvement de remunicipalisation du service public de l’eau, engagé par des élus de gauche et de droite. En effet, alors que 90% de l’eau est gérée publiquement dans le monde, trois multinationales – Véolia, Suez et la Saur – accaparent 70% de sa gestion en France. Depuis trop longtemps, nos collectivités délèguent la gestion de l’eau au secteur privé. Et nous en subissons tous les méfaits. L’eau privée est en moyenne 30% plus chère que l’eau publique. Pour quelles raisons ? Les majors doivent rétribuer des actionnaires toujours plus gourmands en dividendes. Le coût optimal de la potabilisation de l’eau n’est pas connu, ce qui rend possible de réelles surfacturations. Mais celles-ci s’expliquent aussi par une gestion opaque, où les élus qui ne se lavent pas complètement les mains de la gestion déléguée, sont entravés dans leur accès aux documents de gestion.
Par ailleurs, les majors ne réalisent pas les investissements nécessaires sur le réseau de distribution. Un milliard de mètres cubes d’eau chaque année est perdu à cause des fuites dans les canalisations. Pourtant, nous payons quand même toute cette eau perdue et gaspillée. Non sens économique et non sens écologique se mêlent pour nourrir les marges des entreprises de l’eau.
LA GESTION PUBLIQUE DE L’EAU GARANTIT UNE GESTION TRANSPARENTE ET UNE FACTURE MOINS ÉLEVÉEAu contraire, la gestion publique de l’eau garantit une gestion transparente : les élus et les associations d’usagers et de protection de l’environnement cogèrent le service au sein du conseil d’administration (régie publique personnalisée) ou d’exploitation (régie publique à seule autonomie financière). Aucune surfacturation n’est possible. La gestion au prix coûtant c’est le gage d’une facture d’eau moins élevée.
En instaurant la gratuité des premiers mètres cubes d’eau indispensables à la vie humaine, en créant une tarification différenciée en fonction des usagers (professionnels, ménages, administrations et associations) et des usages (vital, courant, de confort), mais aussi une tarification progressive (plus on consomme, plus on paie) pondérée en fonction du nombre d’habitants par ménage (pour ne pas pénaliser les familles nombreuses), l’eau coûte moins chère aux usagers, tout en permettant une utilisation raisonnée et plus écologique de la ressource eau.
Puisque l’eau est bien un droit, mettons le en œuvre. La Cour d’appel administrative de Bordeaux le 8 juillet 2008 et le Conseil constitutionnel le 7 juillet 2011 ont autorisé le conseil général des Landes, et par jurisprudence tous les départements, à soutenir les régies publiques de l’eau, octroyant des aides financières directes à toute commune ou intercommunalité en matière d’eau potable et d’assainissement. L’arrêt Olivet rend caducs nombre de contrats de délégations de service public en 2015 et dans les années à venir.
Les conseillers départementaux ont donc un rôle majeur à jouer en faveur des usagers, pour améliorer le pouvoir d’achat, pour éviter les gaspillages.
En ce qui me concerne, je mène activement une campagne locale en faveur de la gestion publique de l’eau en Essonne dans les communes de Juvisy-sur-Orge, Savigny-sur-Orge, Paray-Vieille-Poste et Athis-Mons. J’y appelle les maires et le président de la communauté d’agglomération Les Portes de l’Essonne, Robin Reda, à opter pour la gestion publique de l’eau et à constituer une régie intercommunale avec la régie publique Eau des Lacs de l’Essonne.
Après le second tour des élections départementales et la Journée mondiale de l’eau, les nouveaux conseillers départementaux, quelle que soit leur orientation politique, peuvent prendre parti en faveur de la gestion publique de l’eau.
Conseillers départementaux, choisissez l’eau publique !
Publié dans l’hebdomadaire Marianne.
Olivet: « Cad’eau Veolia » pour la dernière facture d’eau
Depuis le 5 février Olivet a changé de délégataire pour la gestion de l’eau. Désormais, c’est la Lyonnaise des Eaux qui gère, avec à la clef une baisse promise de plus de 40% du prix de l’eau dans la commune. Pour régler la dernière facture à Veolia, une association a trouvé un moyen de paiement hors du commun.
C’est l’épilogue d’une bataille juridique. Le conseil d’État a jugé en 2009 que le contrat d’Olivet avec Veolia, signé en 1933 et prévu pour 99 ans, était trop long. La municipalité y a mis fin et elle a choisi un autre délégataire. Mais elle l’a fait sous la pression de l’association Iceo, Initiative citoyenne pour l’eau, qui propose aux Olivetains de marquer symboliquement le départ de Veolia. Les habitants reçoivent en ce moment leur dernière facture pour 2014.
Jean-François Barbarin, le vice-président d’ICEO, leur propose de diviser leur paiement en deux. C’est la campagne « Cad’eau Veolia ». Il s’agit pour chaque habitant de régler la moitié de sa facture auprès de Veolia et faire parvenir l’autre moitié à l’association. Iceo se chargera ensuite de la transmettre au délégataire, via un chèque géant. Selon les calculs du collectif, si on considère que les Olivetains ont payé l’eau deux fois plus cher, Veolia aurait récolté 785 000 euros de « trop perçu » en 2014. Il faut envoyer son chèque avant le 9 mars et contacter l’association pour savoir comment s’y prendre.
(France Bleu Orléans 25 février)