Mercredi, sur le site où se dessine le projet de retenue de Caussade, les engins de chantier étaient à l’œuvre pour essayer de lui faire prendre forme. PHOTO « SUD OUEST »
Surprise : les travaux afin de réaliser la retenue d’eau collective ont débuté sans autorisation. Le chantier du lac de Caussade a bel et bien commencé. Sans tambour ni trompette. Mais l’évidence est là. Et quand il s’agit de pelleteuses et de bulldozer, il est tout de même difficile d’espérer la discrétion d’une opération furtive de commando… Article de Sud-Ouest
Vidéo. 47 secondes (ou presque) pour comprendre… le lac de Caussade
Patrick Franken, le président de la Coordination rurale 47 et Serge Bousquet-Cassagne, celui de la Chambre d’agriculture, n’avaient pas menti quand ils menaçaient d’attaquer les travaux coûte que coûte. Les deux hommes ont juste entamé une dernière partie de poker menteur après avoir été déboutés en référé, la semaine dernière par le tribunal administratif.
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« Nous sommes républicains, nous respectons donc la loi même si, parfois, nous ne la comprenons pas », faisait mine de se résigner Serge Bousquet-Cassagne, ce week-end, assurant qu’aucun coup de pelleteuse ne serait donné, au plus tôt, avant « trois semaines ».
Pelleteuses et camions bennes
L’éternel « chef de meute » racontait aussi être ressorti confiant de l’entrevue qui s’était déroulée jeudi avec le préfet de Région, Didier Lallement. Ce dernier, à l’en croire, leur avait « promis un nouvel arrêté d’ici trois semaines ». Chat échaudé, craignant l’eau froide, les hommes de la CR ont sans doute jugé qu’il était bien trop hasardeux de confier le destin du lac aux méandres administratifs.
Depuis octobre et l’intervention des ministres de Rugy et Travert, ils n’ont d’ailleurs plus aucune autorisation d’attaquer les travaux. Le préfet Patricia Willaert, que l’on sait sur le départ depuis hier, avait elle-même dû produire un arrêté suspendant celui qu’elle avait émis, fin juin, qui portait autorisation de la création et de l’exploitation de la retenue d’eau collective de Caussade.
Ce nouveau délai de trois semaines n’était-il en fait qu’un rideau de fumée ? En tous les cas, les engins de chantier sont bel et bien entrés en action au niveau du hameau de Saint-Pierre-de-Caubel, à Pinel-Hauterive. Des pelleteuses qui remplissent des bennes entières de terre, ne laissant que peu de doute sur la nature des travaux en cours.
Rideau de fumée
La retenue collinaire, affectée à l’irrigation, devait aussi se destiner, en plus du développement d’une quarantaine de projets agricoles alentours, au soutien à l’étiage. Les plans prévoient de la creuser 500 mètres en amont de la confluence du ruisseau Caussade avec le Tolzac de Monclar. En période estivale, la moitié de ses 920 000 mètres cubes de capacité envisagée était censée permettre de le maintenir à flots.
L’argument n’avait pas suffi à rassurer les associations de protection de l’environnement qui, en attaquant l’arrêté initial de la préfète, ont trouvé écho jusqu’aux ministères de l’Agriculture et de la transition écologique.
Le soutien des autres syndicats agricoles du département, comme des parlementaires, n’y a rien changé. Le projet de retenue de Caussade, vieux de 20 ans, était devenu trop brûlant pour ses défenseurs qui, visiblement, n’en pouvaient plus d’attendre.