Peu importe l’environnement et les autres usages de l’eau! Dans une lettre ouverte datée du lundi 3 avril 2023, le président du syndicat mixte du bassin-versant de la Têt, Pierre Parrat, plaide pour une limitation, voire une suppression, des débits réservés du fleuve. Afin de permettre aux canaux d’arrosage de prélever assez d’eau pour répondre aux besoins des agriculteurs qui les utilisent. Article d’Arnaud Andreu.
Dans une lettre ouverte datée de ce lundi 3 avril 2023, le président du syndicat mixte du bassin-versant de la Têt, Pierre Parrat, plaide pour une limitation, voire une suppression, des débits réservés du fleuve. Afin de permettre aux canaux d’arrosage de prélever assez d’eau pour répondre aux besoins des agriculteurs qui les utilisent.
Le président du syndicat mixte du bassin-versant de la Têt appelle le préfet à prendre « une décision courageuse ». Dans la lettre ouverte qu’il a envoyée ce lundi au représentant de l’Etat, Pierre Parrat n’y va pas par quatre chemins : « Il existe une possibilité de sauver notre agriculture et en tout cas de réduire les impacts de la sécheresse. Elle réside dans la limitation, voire la suppression, des débits réservés. En permettant de maintenir l’irrigation par les canaux, non seulement les exploitations agricoles survivront, mais les nappes phréatiques se rechargeront. »
Pour mémoire, fin 2022, le tribunal administratif, saisi par l’association France Nature Environnement, a imposé de laisser, en aval des prises d’eau de plusieurs canaux d’irrigation entre Vinça et Millas, un débit minimum de 1500 litres par seconde dans la Têt, estimant qu’il s’agissait du seuil à ne pas franchir si l’on ne veut pas perturber le bon fonctionnement du fleuve (reproduction des espèces, etc.).
La nature saura se régénérer
Cependant, aux yeux de Pierre Parrat, entre-temps, avec l’aggravation de la sécheresse, la situation a changé du tout au tout. « La décision du tribunal, qui s’est à mon avis trompé, correspond à une autre époque, estime-t-il. Nous sommes désormais dans une situation exceptionnelle que personne n’aurait pu imaginer et qui permet au préfet de déroger. Pour sauver le monde agricole, il n’y a pas 36 000 solutions. Il faut prendre un arrêté exceptionnel. »
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Le président du syndicat mixte reconnaît qu’une telle décision ne serait pas sans conséquences pour la biodiversité. »Mais il faut choisir entre la vie des hommes et la préservation écologique, plaide-t-il dans sa lettre ouverte. Je choisis, pour ma part, la première en sachant que la nature est résiliente et qu’elle saura se régénére après quelques mois difficiles. »
Sur le fond, le Code de l’environnement permet effectivement de déroger temporairement aux débits minimums lors des situations de crise exceptionnelle. La demande de Pierre Parrat n’est donc pas hors de propos. Cependant, la limitation des débits réservés du fleuve ne résoudra pas le problème de sécheresse en lui-même. Seule la pluie le pourrait. Et elle ne se décrète pas.