Archives de catégorie : Les usagers font avancer la gestion publique

Vitrolles: des doutes sur un nouveau contrat de l’eau confié à la SEM

La chambre régionale des comptes s’est penchée sur le contrat de l’eau conclu par la commune de Vitrolles avec la Société des eaux de Marseille en 2014. Elle s’interroge sur la sincérité de l’offre qui a permis à cette filiale de Veolia d’emporter un marché à 34 millions d’euros.

Un contrat attribué à la Société des eaux de Marseille par un élu socialiste épinglé par la chambre régionale des comptes, ça ne vous rappelle rien ? Après Marseille Provence métropole, les magistrats ont examiné les conditions dans lesquelles la filiale de Veolia a remporté la gestion de l’eau de Vitrolles pour huit ans. Le rapport a été présenté hier au conseil municipal.

Dans la commune de Loïc Gachon comme à la communauté urbaine jadis présidée par Eugène Caselli, la SEM est chez elle depuis longtemps. À Vitrolles, jusqu’en 2014, l’entreprise gérait même deux marchés : la distribution et l’assainissement. Cette année-là, elle en a perdu la moitié. La Ville a choisi de confier l’assainissement à l’entreprise la moins-disante, la Saur, troisième acteur français du secteur avec Suez.

Mais les conditions dans lesquelles la SEM a pu conserver ce contrat portant sur 34 millions d’euros – bien loin des 2 milliards du contrat de distribution à MPM – interrogent. Pour la chambre, « le tarif meilleur marché proposé pour l’eau par la SEM a été obtenu grâce à des hypothèses de ventes plus élevées que les ventes constatées lors du dernier exercice au titre de l’ancien contrat ».

Le conseil de la Ville préconisait le choix de la Saur

En clair, contrairement à ses concurrentes, la SEM a prévu une augmentation de 129 000 mètres cubes de la consommation sur un total de 3,1 millions. Si l’on considère le contrat dans sa globalité, cela permet à l’entreprise de proposer sur le papier un coût au mètre cube bien moindre. « La mauvaise estimation de la SEM lui [a] permis de remporter ce marché », estime la CRC.

Qui plus est, note la chambre, la Ville de Vitrolles s’était adjoint un cabinet d’audit dont le conseil n’a pas été suivi. « L’offre de la Saur est la plus engageante », concluait cet assistant à maîtrise d’ouvrage. Dans l’entourage du maire de Vitrolles, on minimise le rôle et les compétences de cet intervenant extérieur pour justifier le choix final : « Vous savez, ces cabinets ne sont pas forcément toujours très objectifs, et « engageant », ça ne veut pas dire grand chose. À l’arrivée, nos services connaissaient mieux le sujet qu’eux. » À se demander à quoi a bien pu servir le recours à un cabinet d’audit.

Plus généralement, notre source estime que les éventuels défauts ont été réglés par un avenant au contrat validé en conseil municipal le 17 novembre. La Ville y fait état d’une ristourne de cinq millions d’euros obtenus sur l’approvisionnement en eau de la commune par les réseaux de MPM. « Cela nous a permis de faire baisser le prix pour l’usager », note notre source proche du maire. Surtout, notre interlocuteur juge que la SEM ne pourra pas faire assumer par l’usager sa mauvaise évaluation de départ. En effet, l’avenant que nous avons pu consulter ne prévoit de révision des tarifs qu’en cas de variation de 20 % du nombre d’abonnés ou du chiffre d’affaires.

Cette défense n’absout pourtant pas la filiale de Veolia de toute responsabilité dans cette affaire. Contactée, la SEM n’a pour l’heure pas fait de commentaire. Dans le marché remporté à MPM, les évolutions de son offre au fil de la procédure et le choix final de la SEM avaient déjà fait tiquer la chambre. Sa transmission au parquet donne actuellement lieu à une enquête préliminaire au cours de laquelle le bureau et le domicile de la présidente du conseil départemental Martine Vassal ont été perquisitionnés.

Publié par Marsactu le 17 décembre

L’avis d’Eau Bien Commun PACA

EBC PACA était au courant de ces nouvelles DSP décidées à Vitrolles. Nous avions été alertés par un conseiller municipal d’opposition.

La technique du petit monde politique qui gravite autour de la SEM, filiale à 100% de Véolia nous est bien connue.

Elle se situe dans la phase du dialogue « librement engagé » entre le maire ou le président de l’EPCI et les entreprises concourantes selon les termes de la loi Sapin. Cette phase est encore plus opaque que les autres et permet toutes les magouilles.

Avec la complicité de cette autorité, la SEM sort de son chapeau une caractéristique nouvelle qui emportera l’adhésion.

Pour la DSP de Marseille (2013), c’était le type de forme sociale dédiée, la SNC, censée apporter plus de garanties que la SA, alors que les propositions de Suez étaient meilleures à tous points de vue.

À Vitrolles, le grand processus de réhabilitation de la ville est censé apporter rapidement une nouvelle dynamique démographique. Mais ce n’est pas le cas. Aussi les autres concurrents n’ont pas intégré ce critère. La SEM l’a fait au moment de ce « dialogue » pour justifier une baisse minime des prix lui permettant de remporter le marché. Mais elle avait les autres cartes en main. En particulier, c’est elle qui fixe le prix de l’eau vendue à Vitrolles par Marseille Provence Métropole dans le cadre de sa DSP. Elle a donc baissé ce prix de façon significative. Cette baisse, ensuite, n’a pas été répercutée intégralement dans le prix du m3 vendu aux usagers de la ville. Le tour était joué.

Par ailleurs, cette baisse permet à la filiale de la SEM qui opère à Marseille (EMM) de diminuer des profits excessifs par rapport au prévisionnel fourni au moment de la signature du contrat (2013).

L’analyse de la Chambre, comme toujours, malgré sa sanctification par certains, reste incomplète et formulée trop longtemps après la décision.

Pays de Dinan: la gestion de l’eau, un débat d’élus uniquement ?

Le 21 décembre, lors du conseil communautaire du pays de Dinan, les élus devront choisir la façon de gérer la distribution de l’eau. DIC’Eau, un collectif citoyen s’y oppose.

« Avant de choisir le mode de gestion de l’eau, il faut évaluer les coûts de chaque système pour ainsi opter pour le meilleur service. » Depuis le mois de septembre, le collectif citoyen DIC’Eau, qui compte aujourd’hui une soixantaine d’adhérents, se mobilise pour que l’eau devienne un débat ouvert à tous.

Délégation de service public ou régie publique ?

Car en matière de distribution de l’eau, les contrats de délégation à des opérateurs privés (Sedud, Veolia, Saur) arrivent à échéance en 2017, dans le pays de Dinan. C’est pour cette raison que Dinan communauté devra faire un choix le 21 décembre : renouveler les contrats ou changer de système.

Mais quel mode de gestion choisir ? La gestion déléguée (DSP), comme c’est le cas actuellement et préférée par plusieurs élus communautaires, dont Michel Daugan, le président de la commission qui s’est penchée sur le sujet. La régie publique, comme le souhaite le collectif. Une société publique locale (SPL) comme à Rennes…

Un débat « faussé »

Pour le collectif citoyen DIC’Eau, le débat est « faussé« . « S’appuyer sur le rapport du cabinet Bourgois et sur les études de la Cour des Comptes ne suffit pas. Il faut une deuxième étude, réalisée par un organisme public, comme par exemple France eau publique, pour faire le bon choix », martèle le collectif.

Des citoyens absents

Et surtout, DIC’Eau regrette et s’interroge « sur l’absence de la parole des citoyens dans la prise d’une telle décision ». « C’est pourtant l’occasion exemplaire pour les citoyens de s’exprimer et pour les élus d’être dans la noblesse de leur fonction, à savoir, les écouter »,observe Franck Brault, membre du collectif.

Une marche pour parler de l’eau

Fort d’une pétition qui a recueilli plus de 600 signatures et d’une mobilisation sur le terrain, le collectif DIC’Eau espère convaincre les élus communautaires de « reporter le choix de la gestion de l’eau sur le territoire du pays de Dinan ». Une marche est organisée en ce sens, mercredi 16 décembre, à 16 h, au départ du chemin des petits fossés.

Publié dans Ouest France le 16 décembre

 

Carcassonne: le collectif de l’eau s’offrira son étude

L'eau est un bien commun de l'humanité, à ce titre, estiment les tenants, la ressource ne doit pas être gérée par des multinationales./ Photo DDM, Roger Garcia.

L’eau est un bien commun de l’humanité, à ce titre, estiment les tenants, la ressource ne doit pas être gérée par des multinationales./ Photo DDM, Roger Garcia. 

Le collectif du carcassonnais pour une gestion publique de l’eau organisait hier soir une soirée-débat au Colisée. L’occasion de remettre le citoyen au cœur des décisions politiques.

L’eau est un bien et n’a pas vocation à se muer en juteux dividendes. L’argument défendu par le Collectif carcassonnais pour une gestion publique de l’eau n’est pas nouveau. «Le combat a démarré il y a une quinzaine d’années», rappelle l’une de ses membres. Mais l’échéance qui lie la ville de Carcassonne à la Lyonnaise est une formidable occasion de mettre le débat sur la place publique. Reste à être entendu. Pour l’heure, les élus semblent devoir rester sourds. Qu’importe, c’est aux «citoyens d’être le contre-pouvoir», explique François Guieu, le réalisateur de Vagues citoyennes. Un documentaire diffusé hier soir au Colisée dans le cadre d’une conférence-débat.

«De la bonne comptabilité»

Invité également du collectif, Gabriel Amard, s’apparente à un légiste. Il dissèque les contrats liant les collectivités aux fermiers et entend prouver que la gestion publique est bien plus économe. «Ce n’est pas de l’idéologie, mais de la bonne comptabilité», affirme-t-il. Voilà qui devrait séduire, ceux qui prônent une gestion vertueuse des affaires publiques. Pour lui, le calcul est simple. «Les emplois en régie ne servent qu’à la bonne marche du réseau. Il n’y a ni commerciaux, ni communicants. De plus en régie, l’argent ne remonte pas à la holding». Alors Gabriel Amard va s’atteler d’ici la fin du mois de janvier à préparer une étude (ou contre étude, c’est selon) sur le coût d’une régie publique. Hier, ce soutien de poids au collectif a d’ores et déjà souligné que le contrat de la Lyonnaise avait nécessairement des impacts sur la facture d’eau. «La Lyonnaise a remonté en 2014, 152 000 € à sa holding et réalisé une marge, après impôt, de 304 000 €». Sans oublier les 152 000 € d’impôts versés au titre de l’imposition des sociétés et qui est donc répercutée à l’abonné. De quoi dégager une certaine autonomie financière pour une future régie. «Ce que je propose aujourd’hui, c’est simple. Il faut rencontrer les élus et leur montrer notre étude et celle du bureau d’études. Et après on vote !» Chiche !

Publié dans La Dépêche du Midi, le 5/11/2015

Tourcoing: Payboost, nouvelle marionnette de Veolia

Lors du conseil municipal du 3 octobre, Gérald Darmanin a annoncé l’arrivée de Veolia dans l’ancienne chambre de commerce. La société se nomme Payboost, elle propose des solutions de facturation, d’encaissement et de recouvrement. Une centaine de salariés sont attendus début 2016.

Veolia a perdu plusieurs marchés d’exploitation de l’eau comme à Paris, Rennes ou Nice. Le prix de l’eau baisse. Alors le groupe Veolia, qui affiche 5,56 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 52 000 salariés, cherche des relais de croissance.

Le groupe a lancé Payboost, aujourd’hui coquille vide mais qui doit dans six mois emménager dans les bureaux de l’ancienne chambre de commerce de Tourcoing, place Roussel.

« Nous avons lancé NovaVeolia, filiale à 100 % de Veolia qui développe des sociétés innovantes comme Majikan, FluksAqua et Payboost, précise Veolia. Ce sont des start-up qui s’appuient sur l’expertise de Veolia eau pour proposer des solutions très innovantes. »

Ainsi, Veolia espère conquérir de nouveaux marchés auprès des collectivités, des entreprises, des bailleurs sociaux. Une ville ayant choisi de ne plus passer par une délégation de service public pour gérer la distribution d’eau pourra, en revanche, payer les services de Payboost pour améliorer la facturation et l’encaissement.

La société se concentre sur le marché français.

Un bailleur social parmi ses clients

Cette année, Veolia a gagné le contrat de la gestion de l’eau pour la Métropole de Lille. Mais l’implantation de Payboost à Tourcoing n’a, selon Veolia, rien à voir. Selon nos informations, le groupe a déjà plusieurs clients dans la métropole, dont un bailleur social qui assurerait le lancement de son activité.

Pour le groupe, « le Nord est une région où nous avons un ancrage très fort. Nous voulons, avec cette implantation, montrer que nous sommes au cœur des territoires, que nous participons à leur développement ».

La ville va rester propriétaire et abritera encore le théâtre de marionnettes ainsi qu’une salle consacrée aux associations. Il reste donc pour Payboost 2 000 m2.

La réhabilitation des locaux sera à la charge de la nouvelle société. Reste à savoir combien de personnes y travailleront et s’il s’agit de déplacement de personnels ou de créations d’emplois. « Il y aura 100 personnes pour commencer et si la société monte en charge comme il est prévu, il y aura jusqu’à 200 personnes. Pour l’instant, il est un peu tôt pour parler des profils recherchés et de la définition des postes. »

Et pour cause : un rapport de force existe depuis septembre entre la direction et les représentants du personnel, qui ne veulent pas quitter Veolia pour atterrir dans une nouvelle entité qui ne garantit pas les mêmes avantages sociaux.

La direction a donc décidé de lancer Payboost avec une nouvelle équipe et verra dans six mois si des salariés de Veolia eau ont décidé de rejoindre cette nouvelle société.

Publié dans la Voix du Nord.