Philippe Vidal, maire de Cazouls-lès-Béziers (Hérault), annonce une baisse de 5 % sur le prix de l’eau.
Robert Ménard n’a pas pu tenir sa promesse de faire baisser le prix de l’eau sur la ville dès l’année 2014 (Midi Libre du 25 octobre). La faute aux différentes stratégies que s’opposent le maire de Béziers et le président de l’Agglo, Frédéric Lacas. L’un veut ouvrir une négociation immédiate avec la Lyonnaise des eaux, le second préfère attendre la fin des contrats (2016) pour espérer une baisse plus importante. À deux pas de la cité biterroise, Philippe Vidal, maire de Cazouls-lès-Béziers, annonce une diminution de 5 % du prix de l’eau depuis le 1er janvier. Conséquence de l’efficacité de la régie publique, selon lui. Explications.
Comment êtes-vous parvenu à proposer une baisse de la facture d’eau sur votre commune ?
Il s’agit d’un projet que l’on mène depuis des années. Il se concrétise aujourd’hui car nous avons achevé notre station de pompage d’eau potable et nos bassins-réservoirs.
Voilà qui nous permet donc depuis 2015 d’être totalement autonomes sur notre production d’eau.
Comment fonctionniez-vous avant ?
Nous sommes en régie publique depuis 1993 mais jusqu’à présent, nous achetions l’eau à BRL. Désormais, nous produisons nous-mêmes notre eau. On gardera BRL comme secours en cas de problème mais la production principale est communale.
Vous avez la capacité d’assurer totalement votre autonomie ?
On est largement en capacité de fournir. On va dans un premier temps fournir 1 600 m3 par jour. L’eau proviendra de la base de Savignac, qui est la nappe d’accompagnement de l’Orb. Une eau de nappe, filtrée et donc de bonne qualité naturellement qui n’a pas besoin d’être traitée énormément.
La baisse du prix sera de quel ordre ?
Elle a été fixée par le conseil d’administration de la régie. Sur le prix de l’eau, nous faisons une baisse de 5 %. Mais comme depuis le 1er janvier, il y a une augmentation des taxes de l’État, cela permettra au final d’avoir une baisse globale comprise entre 1 % et 2 %. Le but de la régie municipale est de pouvoir offrir à nos concitoyens un service à coût réel. Nous n’avons pas d’actionnaires à rémunérer. Notre seul actionnaire est le Cazoulin.
Quelle politique tarifaire mettez-vous en place ?
C’est tout simple : un prix pour l’abonnement et un prix pour le m3 de l’eau quelle que soit la consommation.
La baisse du prix est une chose mais la qualité de l’eau sera-t-elle assurée ?
On réussit cette année à baisser le prix alors que nous venons de mettre 4 M€ d’investissements sur le réseau. 2,5 M€ pour la station de pompage et 1,5 M€ pour le remplacement des raccordements en plomb. Le chantier est terminé. On a pu maîtriser les coûts grâce aussi aux subventions du Département et de l’État. On gère en direct avec la population. D’ailleurs, au sein du conseil d’administration, il y a des élus et aussi des habitants. Ils participent à la gestion de la régie.
Comment la régie est-elle structurée ?
Elle est composée d’un directeur et de deux directrices adjointes pour une quinzaine de salariés. Le budget de fonctionnement est de 4 M€ et en tant que maire je suis président du conseil d’administration. Mais la régie ne s’occupe pas que de l’eau. Elle traite quatre volets : électricité, eau, assainissement et eau brute. On a en effet un réseau d’eau brute pour les jardins et les utilisations de l’eau non-potable.
Le rendement du réseau eau potable est-il bon ?
On dépasse les 80 %. On a vraiment fait un gros travail sur les pertes. Grâce à la détection de fuites, le remplacement de réseau vétuste. On a mis en place, avec le schéma directeur de l’eau, une sectorisation qui nous permet de localiser plus précisément les fuites.
Les sociétés comme la Lyonnaise des eaux vous démarchent-elles pour tenter une délégation de service public ?
Non. La Lyonnaise connaît ma position et sait que ce n’est pas la peine de venir me démarcher. Même si je respecte le travail qu’ils font. On les sollicite d’ailleurs en tant que prestataire pour des analyses.
Une ferme photovoltaïque en projet
La régie publique à Cazouls, c’est aussi pour l’électricité. Actuellement, la commune possède son propre réseau de distribution. Elle achète uniquement l’énergie sur des marchés de courtage mais en gère la distribution. Si une centrale électrique est installée dans le village, c’est uniquement pour vendre de l’électricité à EDF.
« Nous avons deux gros groupes électrogènes qui fonctionnent au gasoil. Lors des périodes de forte consommation, EDF peut nous solliciter. Entre le coût de production (l’achat du gasoil) et le prix de vente, on ne dégage pas trop de marges. En revanche, EDF nous paie un abonnement. Et ça, c’est intéressant », explique le maire.
Mais demain, la commune va passer à la vitesse supérieure. Une ferme photovoltaïque va voir le jour sur le terrain de l’ancienne décharge du Roujas, sur les hauteurs de Cazouls, en direction de Cazedarnes. Ici, sera produit 1 MW qui ira directement alimenter les Cazoulins. »On l’injectera à notre propre réseau. Cela devrait couvrir environ 50 % de notre consommation puisque sur la période estivale, on consomme environ 1,8 MW », détaille Philippe Vidal.
Le but du maire étant d’arriver à terme à être totalement autonome énergétiquement.
En France, une centaine de villes disposent d’une régie publique pour l’électricité, la plus importante étant Grenoble.