Ursula Besson vit seule à Barret. Pour 2014, elle doit régler une facture de 3.700€. Depuis, elle se débat avec la Saur qui avait réduit son débit d’eau.
Chaque mois, Ursula Besson reçoit une nouvelle relance de la Saur pour régler ses impayés d’eau. Une facture qui grossit à chaque courrier puisque s’y ajoutent les frais de rappel, de pénalité, de mise en demeure…
Car Ursula Besson, qui vit dans une maison à Barret, doit régler à la Saur une facture de 3700€ correspondant à sa consommation de 2014, soit 1.052m3, ce qui est énorme pour une femme veuve qui vit seule. L’année précédente, on ne lui avait facturé que 84m3 et 85m3 pour 2015.
«Mais le pire est que j’ai été absente une grande partie de cette année», affirme-t-elle. En dehors de son petit-fils qui venait de temps en temps le week-end, et des voisins qui vérifiaient que tout était en ordre, «personne n’a pu utiliser l’eau», affirme-t-elle.
Pour la Saur, comme pour tout concessionnaire, seul le relevé du compteur compte et «chaque usager est responsable de sa consommation et de son compteur», rappelle le service consommation. Sur le relevé était bien inscrit«consommation exceptionnelle», mais c’est d’abord le montant qui a affolé Ursula Besson. Richard Bô, le responsable de l’agence de Barbezieux, est venu sur place vérifier lui-même que le relevé était bon «et qu’il n’y avait a priori pas de fuite entre le compteur et les robinets». Mais avec sa retraite, la propriétaire de la maison (depuis 2006) ne pouvait pas payer. «On m’a juste proposé de régler en trois fois, ce qui m’était impossible.»
La réduction du débit annulée depuis lundi
Conséquence, les services de la Saur ont posé depuis août dernier une pastille pour réduire le débit de l’eau. «Le lave-linge met beaucoup plus de temps, la douche ne marche plus comme avant. C’est devenu laborieux», regrette Ursula Besson. Et la Saur de préciser dans un courrier que cette réduction «est susceptible d’avoir une incidence sur le bon fonctionnement des équipements électroménagers.» Et pourtant, cette pratique a été condamnée à plusieurs reprises par la justice, la dernière décision remontant au 6 janvier dernier, précisément contre la Saur par le tribunal d’instance de Limoges (1).
Dans le cas d’Ursula Besson, le problème ne s’est pas arrêté là. Elle reste redevable de la facture. Elle ne peut non plus bénéficier de la loi Warsman qui écrête les consommations anormales. La Saur a donc missionné une société de recouvrement qui a imposé depuis le 21 décembre dernier un échéancier à Ursula Besson qui devra verser 50€ chaque mois jusqu’en 2022. «Alors pourquoi m’adresse-t-on toujours des mises en demeure avec les frais qui courent toujours?»
«C’est une erreur. Un mauvais clic informatique, reconnaît Sébastien Cherpi, le responsable départemental de la Saur que nous avons joint en fin de semaine dernière. Il y a eu un problème de communication dans nos services, nous a-t-il précisé lundi soir. Et tous les frais supplémentaires seront annulés.»
Mieux, lundi dernier, la pastille a été retirée et le débit est redevenu normal. Mais l’abonnée reste redevable. «Je me propose de rencontrer cette dame, de jouer les médiateurs afin qu’elle puisse peut-être bénéficier d’aides pour régler cette facture», précise Sébastien Cherpi qui ajoute, face à ce cas inexplicable, «que les différences de débit d’une année sur l’autre révèlent soit un dysfonctionnement de l’installation ou un autre problème», estime-t-il. Un robinet oublié ou un vol. Mais qui n’est pas de la responsabilité de la Saur.
(1) La direction générale de la Saur, malgré nos demandes répétées, ne nous a pas répondu sur cette pratique. Ursula Besson, de son côté, a sollicité les conseils d’un avocat.
Publié dans la Charente libre du 16 mars 2016.