Un « soulagement », pour les défenseurs de l’environnement. Les travaux de défrichage d’un bois occupé par des zadistes, à La Clusaz, dans les Alpes, ont été suspendus le 25 octobre. Une retenue collinaire devait y être construite. Par Justine Guitton-Boussion et Geoffrey Bire (photographies) dans Reporterre.
Pas de travaux pour le moment. Le tribunal administratif de Grenoble a ordonné, le 25 octobre, la suspension de l’arrêté du 20 septembre — émis par le préfet de la Haute-Savoie — qui autorisait l’aménagement d’une retenue collinaire près de la station de La Clusaz. Ce vaste réservoir de 148 000 m³ est censé alimenter la commune en eau potable ; et fournir de l’eau pour la fabrication de neige artificielle à destination des skieurs.
Depuis le 24 septembre, des activistes occupaient illégalement le bois de la Colombière, situé sur le plateau de Beauregard au-dessus de La Clusaz, pour empêcher sa destruction. Ils espéraient tenir jusqu’au 30 novembre, date à laquelle les bulldozers n’auraient plus pu défricher le bois, car un arrêté de préservation de cinquante-huit espèces y empêche tous travaux après cette date.
« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite », a conclu le tribunal administratif de Grenoble.
Mal-adaptation de la montagne au changement climatique
Un « soulagement », pour les associations de protection de l’environnement qui avaient attaqué l’arrêté du 20 septembre. « Ce projet de retenue d’altitude incarne la mal-adaptation des territoires de montagne au changement climatique. Miser uniquement sur un prélèvement accru de la ressource en eau pour faire perdurer le loisir du ski sans rechercher de solutions alternatives, le tout en sacrifiant zones humides, faune, flore et espaces d’exception dont la destruction est irréversible et inacceptable », ont-elles écrit dans un communiqué.
« Notre présence dans le bois ayant rempli sa fonction et n’étant plus nécessaire, nous plions bagage pour laisser la place au reste du vivant », ont réagi de leur côté les occupants du bois de la Colombière.
Maintenant que les travaux sont suspendus, la justice va pouvoir aboutir à un jugement au fond sur l’ensemble des points contestés par les associations. L’État va également devoir verser 1 200 euros aux associations requérantes.