Épernay reprend la main sur son eau potable

Au 1er janvier, la gestion et la distribution de l’eau potable pour les habitants d’Épernay agglo Champagne seront assurées en régie publique, c’est-à-dire par l’intercommunalité elle-même. Une nouveauté après plus de 100 ans de gestion privée. Par Simon Ksiazenicki dans l’hebdo du vendredi.

Un changement majeur se prépare pour environ 40 000 habitants d’Épernay agglo Champagne, mais ils ne verront sans doute pas vraiment la différence au quotidien. À partir du 1er janvier 2022, l’exploitation, la gestion et la distribution de l’eau potable seront assurées par une régie publique de l’eau, c’est-à-dire que le service, délégué jusqu’ici à l’entreprise privée Veolia, sera prochainement géré par les agents de l’agglomération. Sur le secteur sud, grosso modo autour de l’ancienne intercommunalité de Vertus, une régie publique concernait déjà environ 7 000 abonnés. Au premier jour de l’année prochaine, elle en récupérera 15 000.
Le président d’Épernay agglo Champagne, Franck Leroy, justifie ce choix. « Avec le réchauffement climatique, l’eau sera un bien stratégique dans les années à venir. Les choses changent vite, en pilotant nous-mêmes notre politique, on peut être plus réactif, car on n’est plus lié, pendant 15 ans, à un exploitant à qui on donne toute la responsabilité. On voulait regagner la maîtrise de notre politique, les enjeux de l’eau devenant de plus en plus importants, les citoyens le savent bien. » Cela ne veut pas dire que Veolia, qui gérait depuis plus d’un siècle l’eau à Épernay, auparavant sous le nom de Société des eaux, sera mis totalement sur la touche. L’agglo assure qu’elle continuera à travailler avec la multinationale, afin de bénéficier de son expertise et sa technologie sur certains points précis. Des contrats courts, de un à trois ans, pourront ainsi être conclus avec le partenaire historique ou son concurrent, Suez.

PAS DE BAISSE DU TARIF À PRÉVOIR



L’intercommunalité d’Épernay a d’ailleurs pioché chez Veolia son nouveau directeur de la régie de l’eau. Nicolas Couesnon a travaillé pendant 15 ans sur l’outil sparnacien et « il connaît chaque recoin des canalisations », a plaisanté Franck Leroy, au moment de le présenter. « Avec cette régie, l’agglomération aura deux grandes missions : exploiter les sites de production pour assurer une distribution de qualité et gérer le patrimoine afin de le faire durer le plus longtemps possible », a expliqué le nouveau directeur. Dans sa tâche, il sera assisté de quatorze personnes, dont quatre postes créés spécialement pour l’occasion : un chargé de gestion du patrimoine technique, un électromécanicien/automaticien et deux personnes affectées à la gestion des abonnés.
Ce dernier point est peut-être la seule différence que devraient constater les usagers du bassin sparnacien. « Jusqu’ici, quand on appelle Veolia, on tombe sur un centre d’appels à Metz. Désormais, on aura un système téléphonique et physique à Épernay qui permettra de remettre de l’humain et de la proximité », a assuré Franck Leroy. En revanche, le prix de l’eau ne devrait pas bouger alors qu’il est particulièrement élevé à Épernay : en 2020, il a atteint 5,23 €/m³ (eau potable et assainissement collectif inclus), contre environ 4 €/m3 au niveau national et quelque 3 €/m3 à Reims et Châlons. « Les recettes permettent de financer un système de distribution performant. Je ne souhaite pas que le prix de l’eau baisse, car ça signifierait qu’on ne pourrait plus investir, a justifié le président de l’agglo. Les systèmes les plus ruraux nécessitent également plus d’investissement. Il y a par exemple une seule zone de captage à Épernay, mais neuf points d’eau dans la région de Vertus. »
En 2021, Épernay agglo Champagne a consacré près de la moitié de son budget d’investissement à l’eau et l’assainissement, notamment pour la construction du nouveau site de la Faïencerie.

 
 
 
Quel nom pour l’eau du robinet d’Épernay ?
 
Comme d’autres intercommunalités avant elle, Épernay agglo Champagne réfléchit à déposer un nom pour son eau potable. « On veut faire comprendre aux gens que l’eau du robinet, qui est de grande qualité, a de la valeur, alors qu’elle coûte environ 100 fois moins cher que celle en bouteille, explique Franck Leroy, le président de l’agglomération. Ça permettrait aussi de valoriser notre travail et nos investissements. » En 2020, Châlons Agglo avait annoncé son intention de déposer la marque « L’eau de Châlons » à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI).

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