Le déficit de production d’eau potable représente six millions de litres par jour soit la consommation journalière de 40.000 habitants. En raison de la sécheresse et des canalisations défectueuses, la Martinique fait face à des coupures d’eau de plus en plus nombreuses, en pleine épidémie de coronavirus, qui laissent la population dans l’angoisse. Article de 20 minutes.
Si la coupure d’eau « devait durer de 8h à 22h », chez Nicole, à Sainte Luce (sud) elle a duré trois jours. Sa commune a bien mis une citerne à disposition, mais à 68 ans, la retraitée estime l’opération trop risquée en raison des mesures de distanciations sociales.
Plusieurs jours sans eau
Chez elle, au milieu des « récipients, bassines, casseroles, avec de l’eau à droite à gauche », elle s’inquiète « de l’hygiène » mais aussi de la dengue et des moustiques qui pourraient proliférer. A Ducos, Nicolas est privé d’eau depuis quatre jours. Dans son quartier, deux citernes ont été mises en place. « J’ai un peu d’eau de pluie, des jerricanes, des contenants mais c’est quand même quatre robinets pour tout un quartier, c’est la folie », confie cet enseignant.
La Martinique compte 145 cas avérés et 8 morts depuis le début de l’épidémie. Les coupures tournantes se sont tellement intensifiées que les deux sénateurs de l’île se sont emparés du dossier. Sur Facebook, la sénatrice Catherine Conconne appelle notamment à « ne pas se cacher derrière un scénario apocalyptique de sécheresse ». Selon elle, le vrai problème vient d’« une casse (de canalisation) dans le nord non réparée correctement depuis des années ».
Des casses de canalisations régulières
Une situation qui dure depuis 2009 et pour laquelle une solution a été trouvée, assure le porte-parole de la Collectivité Territoriale, Daniel Marie-Sainte, précisant que le dossier sera présenté « à la prochaine séance plénière de l’Assemblée de Martinique ». Mais d’autres casses régulières sur les 1.700 km de réseau et la sécheresse du début d’année sont aussi en cause. 94 % de la ressource en eau provient des rivières, dont le niveau est au plus bas.
Le déficit de production d’eau potable représente six millions de litres par jour soit la consommation journalière de 40.000 habitants. A la mi-mars, la préfecture a pris un arrêté pour réguler l’utilisation de l’eau. « L’eau pour se laver les mains oui, pour laver la voiture non », a résumé son porte-parole début avril.