Trois cents familles seraient concernées par une hausse importante de leur consommation. La SEERC met en cause le travail d’un agent qui avait minoré les relevés de clients en 2013
En découvrant leur facture d’eau, au début du mois de septembre, ce fut la douche froide. Car pour ces riverains, l’addition s’avère particulièrement salée : leur consommation d’eau a enregistré une hausse étonnante faisant doubler, voire, pour certains, tripler leur facture, par rapport à l’an dernier… Alors, à l’heure de s’acquitter de ses impôts, la pilule passe mal.
Par le bouche-à-oreille et grâce aux réseaux sociaux, ces contribuables se sont rendu compte que leur cas était loin d’être isolé. Et hier matin, à la suite d’un appel lancé sur Facebook, une quinzaine d’habitants s’est réunie, aux Cognets, pour tenter de se fédérer et d’initier une action collective auprès de la SEERC (Société Equipement Entretien Réseaux Communaux). Une pétition circule.
« Ma facture est passée de 400 à 800€, sans raison, sans que l’on ait changé nos habitudes de consommation, témoigne Géraldine Joly, qui vit en famille à Rassuen. Lorsque nous avons contacté la SEERC pour avoir des explications, on nous a donné des excuses à chaque fois différentes : que l’on devait avoir des fuites sur notre installation, ce qui est faux car nous avons fait tous les tests ; on nous a dit aussi qu’il y avait beaucoup de vols d’eau dans le Sud de la France ! Dernière justification : un bug informatique, il faudrait donc rattrapper certaines sommes qui n’ont pas été débitées les années précédentes.«
« C’est un dialogue de sourds avec la SEERC qui nous laisse sans véritable réponse« , s’agacent les riverains. « Ma mère vit seule, près de la clinique d’Istres, elle est handicapée, n’a pas de piscine ni de jardin. L’échéancier est passé de 35€ à 184€! », bondit Sophie Rouane. « Je payais 42€ par mois et aujourd’hui, 110€, indique, dépitée, Carmen, habitante de la Prédina. La différence est énorme !«
« Rien que dans la rue de la Rose des vents, 17 habitations se trouvent confrontées à cette situation,calcule Emilie Houot.D’après ce que l’on voit sur les réseaux sociaux, nous sommes des centaines de familles dans le même cas. La SEERC nous répond de manière isolée et ne nous apporte aucune solution… » De quoi susciter l’incompréhension et la grogne des habitants.
Au total, 300 familles istréennes « de Rassuen et de la Prédina » seraient concernées par ce problème, selon la SEERC, qui tente de jouer la carte de l’apaisement. « Nous avons constaté cette année, au moment de la relève, qu’un agent avait minoré les relevés de 2013 de certains clients. Cet agent n’est plus dans l’entreprise, puisqu’il a été licencié l’an dernier, pour d’autres faits », explique Renaud Bernard, chef d’agence territorial. « Les consommations de 2013, poursuit-il, ont donc été reportées sur celles de 2014, d’où des consommations plus importantes cette année. » Autrement dit, les usagers doivent aujourd’hui payer ce qu’ils ont consommé sur deux ans. « Mais ils ne sont pas lésés, considère Renaud Bernard, car les tarifs du SAN Ouest Provence ont baissé cette année. » Les consommations étaient ainsi plus importantes, mais à un tarif plus bas. Consciente néanmoins de la « gêne » occasionnée, la SEERC se dit prête « à recevoir tous ceux qui le souhaitent individuellement pour étudier avec eux la mise en place d’un échéancier de paiement.«
« Sauf qu’une partie de notre consommation est de 2013, fait valoir Emilie Houot, et la TVA n’était pas la même qu’en 2014… » « Elle est en effet passée de 7 % à 10 % sur l’assainissement« , concède Renaud Bernard qui étudiera, là encore, la question, au cas par cas. « Nous allons adresser un courrier personnel à chacun« , ajoute-t-il, avant d’insister : « Nous sommes à leur écoute et à leur service« .
Quant aux factures de 2015, qui inquiètent également les usagers, « elles seront basées sur les estimations régularisées« , promet Renaud Bernard.
Ces propos suffiront-ils à apaiser la colère des habitants ? Ces derniers étaient hier déterminés, à tel point qu’ils envisageaient même d’aller déposer plainte…
Sur le même sujet, un reportage sur TF1 >> ici