Trans’Cub publie une lettre ouverte envoyée à la Métropole pour dénoncer les bénéfices du délégataire du marché de l’eau et lui demande de « stopper ce contrat ». La métropole estime qu’une rupture avant terme est risquée. Par Denis Lherm dans Sud Ouest.
Signée du président Jacques Dubos, et de la figure historique de l’association, par ailleurs chargé du dossier eau, Denis Teisseire, Trans’Cub publie ce week-end une lettre ouverte envoyée à Bordeaux Métropole, qui dénonce une nouvelle fois les « profits exorbitants » encaissés par Suez Eau France, ex-Lyonnaise des eaux, délégataire du marché de l’eau jusqu’en 2021.
Ce n’est pas la première fois que l’association agréée défense des consommateurs dénonce les conditions dans lesquelles Suez exploite le marché de l’eau potable à Bordeaux. Le contrat garantit à Suez une rentabilité plus que confortable de 14%, soit deux fois la rentabilité moyenne des contrats de l’eau que dans les autres grandes villes de France.
23 M€ de profits par an
Dans sa lettre ouverte envoyée au président de la Métropole, Patrick Bobet, et à la vice-présidente en charge du service public de l’eau, Anne-Lise Jacquet, Trans’Cub affirme que les profits encaissés par Lyonnaise-Suez « sont passés de 72 M€ en vingt-trois ans (3,2 M€/an sur la période 1992–2014) à 162 M€ en sept ans (23 M€/an en moyenne sur la période 2015–2021) ».
L’association rappelle qu’elle a alerté les principales têtes de listes aux élections municipales, essayant d’obtenir l’engagement qu’ils saisissent la Chambre régionale des comptes une fois élus, pour avoir son avis et faire « stopper immédiatement ce contrat ». Elle constate que ni Patrick Bobet ni Anne-Lise Jacquet ne se sont engagés à saisir la Chambre des comptes. « Pourtant, l’enjeu est important : les usagers n’auraient pas à payer 60 M€ de surprofits prévus pour Suez Eau France en 2021. 222 euros en moyenne seraient restitués à chaque abonné », calcule Trans’Cub, qui conclut que « ces renoncements à agir en faveur des usagers sont de nature à miner un peu plus la confiance des électrices et des électeurs dans leurs élus ».
Risque d’indemnisation estimé à 100 M€
La Métropole s’est souvent exprimée sur cette question du prix de l’eau à Bordeaux et des profits accordés au titulaire du marché. Elle estime que la rentabilité augmente « de façon classique » dans les dernières années du contrat et rappelle qu’une négociation avec Suez Eau France a déjà permis de réduire les bénéfices de 20 millions d’euros, en 2018. Mais elle considère surtout qu’une rupture du contrat avant terme présenterait plus d’inconvénients que d’avantages. Il faudrait trouver un nouveau délégataire pour terminer le contrat ou exploiter l’eau en régie directe, sans en avoir les compétences, avait avancé la Métropole. Mais surtout, il faudrait dédommager Suez à hauteur de 100 M€, alors qu’il ne reste qu’un an et demi de contrat.
La lettre ouverte de Trans’Cub a peu de chance de trouver un écho à la Métropole.