Europe: eau et énergie, même combat

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Compte-rendu. Natalia Dejean, présidente de la Coordination eau bien commun Rhône-Alpes Auvergne a participé le 8 octobre dernier, à la Conférence sur la pauvreté énergétique en Europe qui a réuni des témoignages d’Espagne, Grande Bretagne, Belgique, de Grèce et de France sur les coupures de services essentiels comme l’eau, le gaz et l’électricité, dans un contexte social qui connaît une hausse de ces pratiques inhumaines, illégales dans certains pays.

En Europe, la pauvreté énergétique affecte 54 millions de personnes, 11% de la population. Au niveau européen, il n’y a pas encore de cadre légal commun sur la pauvreté énergétique, il existe des grandes disparités entre pays. La France et la Belgique, par exemple, sont en avance sur les mesures autant curatives que préventives à la pauvreté énergétique ; les coupures de services sont particulièrement bien encadrées en France depuis la loi Brottes de 2013. Par contre, les coupures ne sont pas encore interdites dans beaucoup de pays européens et provoquent des mouvements sociaux très forts, notamment dans les pays du sud et de l’est de l’Europe.
La campagne « Haltes aux coupures d’eau » menée en France depuis 2014 a suscité beaucoup d’intérêt auprès des militants espagnols et européens surpris de constater que le modèle de l’eau français tellement promu en Europe est loin d’être parfait sur le volet social.

Témoignage d’Espagne…
La gestion des services essentiels en Espagne se trouve essentiellement en main privée, gérée par quelques grandes compagnies en position d’oligopole sur le marché. Dans ce contexte, les tarifs n’ont cessé d’augmenter : depuis 2007, le prix de l’eau et de l’énergie a grimpé de 60% ; à lui tout seul, le prix de l’électricité à grimpé de 83%, c’est l’un des plus hauts d’Europe ! Près de la moitié de la population est en situation de précarité énergétique selon la définition française de celle-ci, à savoir que la facture énergie représente plus de 10% des revenus du foyer.
Le gouvernement s’est montré sensible à la question, mais aucune avancée législative n’a abouti. Tout ce qui existe, c’est une mesure qui permet de réduire la facture mais qui ne touche qu’une partie des personnes concernées.

Sous la pression sociale, le gouvernement Catalan a entrepris des actions contre la pauvreté énergétique, comme la trêve hivernale (qui ne fait que posticiper le problème) ou la lutte contre les coupures indiscriminées. En 2015, un’ initiative législative citoyenne a réuni 140.000 signatures pour l’adoption d’une loi au Parlement Catalan. La lois 24/2015 interdit les coupures d’eau, d’énergie et de gaz pour les personnes « vulnérables », et oblige le fournisseur à en assumer la dette. Il s’agit d’une avancée importante, même si l’application effective de cette loi laisse beaucoup à désirer.

Depuis deux ans, l’Alliance contre la pauvreté énergétique réunit des organisations diverses : lutte contre les expulsions, voisinage, privatisation de l’eau, souveraine énergétique… Elle mène des actions de plaidoyer et de terrain pour dénoncer l’impact social et environnemental du modèle énergétique en Espagne et notamment en Catalogne.

Les coupures d’eau ont été les premières visées avec la campagne « Aqua es vida », qui a permis d’obtenir rapidement leur arrêt. Le fournisseur de service, Suez en l’occurrence, voulant sécuriser le contrat de DSP à Barcelone, a rapidement cessé les coupures, voire accepté de reconnecter des personnes en habitations irrégulières (squats). Sur le volet énergétique, la bataille s’annonce plus difficile…

La Conférence sur la pauvreté énergétique en Europe a été organisée par l’Alliance contre la pauvreté énergétique en Espagne et plus particulièrement par Ingénieurs sans Frontières qui ont initié plusieurs campagnes contre les coupures de services vitaux tels que eau, gaz, électricité . >>>en savoir plus

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