La décision du Syndicat de l’eau du Dunkerquois de déléguer la gestion de l’eau potable au secteur privé ne passe toujours pas auprès des tenants de la régie publique. Après le tribunal administratif, ils se tournent vers la justice pénale.
Le Loonois Christian Muys, en tant que représentant du Mouvement national de lutte pour l’environnement et aussi comme usager du service de l’Eau du Dunkerquois, termine la rédaction d’une plainte contre X avec constitution de partie civile pour escroquerie en bande organisée. Démarche à laquelle s’associe l’Union interprofessionnelle locale Solidaires de Dunkerque représenté par son secrétaire Dominique Vincent.
D’autres composantes du Collectif eau du Dunkerquois (partis, associations, mouvements classés à gauche) ne peuvent saisir la justice : leurs statuts ne le leur permettent pas. Mais on les sent toujours mobilisés pour continuer à dénoncer la décision prise par le Syndicat de l’eau du Dunkerquois. Le 1er juillet, les élus des communes de la communauté urbaine de Dunkerque et de six autres communes hors CUD ont, dans leur immense majorité, choisi de reconduire la délégation de service public. Autrement dit, de continuer à confier la gestion de l’eau à une société privée.
Les auteurs de la plainte avancent plusieurs motifs.
Selon eux, le cabinet chargé de présenter les différents modes de gestion s’est livré à « un plaidoyer pour la délégation de service public » et à « une disqualification du service public ». Son rapport présenté aux élus ne serait qu’un copier-coller de précédents travaux pour d’autres villes françaises. Seules une dizaine de pages sur 50 concerneraient la situation propre au Dunkerquois.
Ils déplorent le manque de moyens mis en œuvre pour informer le public : « Aucune des 23 communes n’a annoncé les débats et ateliers (dans le cadre du grand débat sur l’eau)et relayé ces informations auprès de leurs populations via leurs sites Internet ou bulletins municipaux (…) Sept communes sur 23 ont accueilli une animation sur leur territoire. »
Les plaignants s’interrogent sur le rôle de la conférence (réunion) des maires de la CUD. Avant le vote du 1er juillet, cette conférence aurait pris la décision de lancer la délégation de service public, mais a-t-elle le caractère légal pour cela, sans en référer aux conseils municipaux, aux élus de la CUD et alors que 6 communes adhérentes au Syndicat de l’eau ne font pas partie de la CUD ?
Entre autres griefs, ils pointent du doigt un possible conflit d’intérêts dans la mesure où la Lyonnaise des eaux, le délégataire actuel, contribue au financement du Basket-club maritime de Gravelines, ville dont le maire, Bertrand Ringot, est également président du comité syndical du Syndicat de l’eau.
Interrogé par nos soins ce jeudi après-midi en l’absence de Bertrand Ringot, le directeur de cabinet du maire de Gravelines, Olivier Lesavre, indique que « le cabinet ne souhaite pas réagir » sur ce sujet.
Publié dans la Voix du Nord du 22 septembre